Européennes : pourquoi ça clive à l’UMP

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ANALYSE - Le parti de Jean-François Copé peine à investir ses candidats en raison de divergences idéologiques. Mais pas seulement.

Cette fois, ils vont devoir trancher. Le 7 janvier dernier, confrontée à de fortes divisions internes, la commission d’investiture de l’UMP pour les élections européennes (CNI), réunie sous la présidence de Jean-François Copé et de François Fillon, avait en effet décidé… de ne pas décider. La vingtaine de membres de la commission va donc se réunir une nouvelle fois mardi pour (enfin) attribuer les investitures, alors que certaines candidatures annoncées, comme celle de Nadine Morano ou Jérôme Lavrillieux, font déjà grincer des dents rue de Vaugirard. Tout sauf une sinécure.

>> Europe1.fr vous explique pourquoi ces élections européennes divisent le principal parti d’opposition.

La guéguerre "souverainistes contre fédéralistes". "Quelle est notre vision européenne ? Rien n’est tranché". Dans Le Monde, un ancien ministre a résumé ce problème de l’UMP, cette bagarre autour de deux visions de l'Europe différente, souverainistes d'un côté fédéralistes de l'autre, qui ne date toutefois pas d'hier. "Cette droite est à la confluence de plusieurs courants, du gaullisme au libéralisme. Le clivage fédéraliste/souverainiste n'est donc pas nouveau, il est tout simplement le fruit de l'héritage de la droite républicaine", confirme à Europe1.fr Jean-François Sirinelli, politologue spécialiste de la droite. Sauf qu'hier, Nicolas Sarkozy, chef incontesté, était en position de trancher avec fermeté. Ce n'est pas le cas de Jean-François Copé, qui, lui, doit louvoyer. Le principal parti d’opposition travaille depuis des mois à son projet européen, mais deux lignes idéologiques s’opposent toujours frontalement. Le courant des humanistes, animé par Jean-Pierre Raffarin et Luc Chatel, plaide pour "une fédération franco-allemande", à échéance de dix ou quinze ans, dans la perspective d'un vrai fédéralisme européen.

Mais au sein de la Droite populaire, souverainiste, on ne veut pas en entendre parler. Ils en ont même fait un casus belli : si l’UMP devient franchement fédéraliste, alors ces élus menacent de constituer des listes dissidentes. Objectif, donc : trouver une voie médiane entre les deux camps. On souhaite du courage à Hervé Mariton, pilote de la convention sur l’Europe…

FRANCOIS FILLON ET JEAN FRANCOIS COPE.

Le spectre de la guerre Fillon-Copé. Officiellement, la hache de guerre est enterrée. Mais la lutte fratricide qui a opposé Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de l’UMP continue de faire des ravages. Chez les fillonistes, on estime par exemple que le patron contesté du parti place ses fidèles pour les européennes. C’est notamment le cas de son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, pressenti dans le Nord. "Copé a réussi à placer ses protégés", observait un participant à la CNI. Dans le camp Fillon, on organise donc la riposte. François Baroin a ainsi exigé, et obtenu, que "les parlementaires UMP soient associés à l'évaluation du travail effectué par les députés européens sortants et au choix de celles ou de ceux qui conduiront les listes".

Autre point de discordance, sur le fond cette fois : la stratégie d’alliances. Pour l’ancien Premier ministre, l’UMP doit former une liste unique avec l’UDI dans les régions où il est menacé de se retrouver derrière le Front national. Pour le moment, Jean-François Copé, qui espère se refaire une virginité avec une victoire électorale, s’y refuse catégoriquement au motif que l’UMP n’a pas à se priver de places éligibles. "L’UMP n’est pas une copropriété entre Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé ou Jean-Pierre Raffarin. Non, l’UMP appartient à ses militants, à ses adhérents, à ses électeurs", a tonné le député Henri Guaino, mardi sur Europe 1.

Guaino : "absurde que Sarkozy se présente à des...par Europe1fr

Sarkozy, observateur attentif. Il ne parle toujours pas mais tout le monde, à droite, continue de penser/parler/rêver de lui. Lui, il attend son heure et continue de jeter des petits cailloux sur le chemin de son retour. Comme Europe 1 l’a révélé fin novembre, Nicolas Sarkozy va même, à sa façon, participer au scrutin européen : il délivrera fin mars un discours à Berlin à l'invitation de Hans Gert Poettering, ancien président du Parlement européen.

bernard accoyer

Mais surtout, pour continuer à peser, Nicolas Sarkozy a fait en sorte que ses plus fidèles lieutenants ne restent pas sur le carreau. Si la candidature de Brice Hortefeux dans la circonscription du Centre, où il est élu depuis 2011, se justifie pleinement, celle de Nadine Morano - qui ne s’est jamais fait remarquer pour ses positions européennes… -, dans le Grand Est pose davantage de questions.

L’Opinion assure ainsi que c’est Nicolas Sarkozy en personne qui a pesé de tout son poids pour imposer la turbulente mosellane. Jean-François Copé a démenti. Ce qui n’a pas convaincu Bernard Accoyer (photo): "le député européen de 2014 devra être une personnalité compétente, reconnue, bilingue, influente et assidue au Parlement, plutôt que d'être sur les plateaux de télévision ou dans l'antichambre des partis politiques (…). Qu'apporterait-elle de plus ?" s’interrogeait l’ancien président de l’Assemblée nationale dans un entretien au Monde, en décembre dernier. Un soutien à Nicolas Sarkozy, serait-on tenté de lui répondre.

 

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