Edouard Martin : "le combat, je l'ai mené du début à la fin"

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Alyone Wemaere et Bruno Donnet , modifié à
INTERVIEW E1 - Récusant toute "traîtrise", l'ex-leader syndical de Florange reconnaît ne pas avoir choisi la facilité en se lançant dans la politique.

L'INFO - Il y a exactement un an, Edouard Martin, le leader emblématique du combat syndical à l'usine ArcelorMittal, lançait un ultime appel au président de la République pour qu'il ne renonce pas à la nationalisation provisoire de l'usine de Moselle. On connaît la suite : le gouvernement n'est jamais revenu sur l'accord signé le 30 novembre 2012, accord qui entérinait l'arrêt des hauts-fourneaux et la disparition de 629 emplois, sans licenciement, avec la promesse d'un investissement de plusieurs dizaines de millions d'euros.

Son combat contre ArcelorMittal, son amertume après la décision de Jean-Marc Ayrault, et plus récemment, son engagement en politique sous la bannière PS aux élections européennes ainsi que les accusations de trahison qui ont suivi… Dans "Un an après", samedi sur Europe1, l'ex-leader CFDT a livré son point de vue et défendu ses choix.

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La non-nationalisation : "le regret d'une vie". Il y a un an, la nationalisation temporaire d'ArcelorMittal, Edouard Martin y croyait encore : "toutes les conditions étaient réunies pour une nationalisation transitoire : un ministre convaincu [Arnaud Montebourg NDLR] et un repreneur prêt à mettre des fonds". Du coup, la décision de Jean-Marc Ayrault l'a rendu "amer", comme Arnaud Montebourg estime-t-il. La non nationalisation d'ArcelorMittal reste, dit-il, "le regret d'une vie".

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Florange : "le gouvernement a manqué de courage, mais…" A la question "le gouvernement a-t-il manqué de courage vis-à-vis d'ArcelorMittal ?" La réponse d'Edouard Martin fuse : "franchement, oui". Mais celui qui sera tête d'une liste PS aux Européennes souligne aussi à propos de l'accord : "on a quand même obtenu 240 millions d'euros d'investissements sur le site, on a obtenu qu'il n'y ait pas eu un seul licenciement et on a obtenu la création d'une plateforme publique de recherche et de développement pour pérenniser l'avenir de la sidérurgie en Lorraine et en France".

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Etre tête de liste PS aux européennes : "pas le sentiment d'avoir trahi". Son engagement en politique n'est pas lié à "la peur du lendemain", assure Edouard Martin. " A 50 ans, ou on quitte l'entreprise maintenant, ou on ne la quitte plus", explique-t-il en réfutant tout calcul. "Je n'ai pas le sentiment d'avoir trahi qui que ce soit ou quoi que ce soit", déclare-t-il. Vit-il mal, justement, les accusations de traîtrise ? "Ceux qui m'ont traité de 'traître' ce sont les mêmes qu'on n'a jamais vu pendant 24 mois sur les piquets de grève", fustige-t-il en ajoutant : "moi, le combat je l'ai mené  du début à la fin". "Je ne suis pas adhérent du PS", rappelle t-il en soulignant avoir accepté d'être tête de liste aux Européennes "pour défendre une certaine idée de l'Europe". "Si les choses ne me conviennent pas, je le dirai", insiste-t-il en concédant ne pas avoir choisi "la facilité" en s'engageant sous la bannière socialiste.

Et s'il n'était pas élu ? "J'irai chercher du travail… comme des millions de chômeurs", lâche-t-il.

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