Divorce entre Copé et la Manif pour tous

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Fabienne Cosnay , modifié à
FACT-CHECKING - La Manif pour tous l'accuse de s'être "renié" sur le mariage gay. Copé s'en défend. 

Frictions. Les anti-mariage gay réunis au sein de la Manif pour tous ont peu apprécié les propos tenus par Jean-François Copé, le 10 octobre, lors de son passage dans l'émission Des paroles et des actes sur France 2. Et ils l'ont fait savoir au patron de l'UMP dans une lettre ouverte publiée lundi. Ludovine de la Rochère, présidente du mouvement anti-mariage gay, accuse le député-maire de Meaux de s'être "renié" après avoir declaré dans l'émission de David Pujadas "n'avoir jamais eu d'opposition d'aucune sorte à l'idée du mariage homosexuel".

"Il est bien difficile d'accorder sa confiance à un haut responsable politique qui peut ainsi radicalement changer de position", fustige Ludovine de la Rochère dans sa lettre. "Vous comprendrez dès lors que sans un rappel précis, sincère et explicite de votre plein engagement à nos côtés ‘contre le mariage pour tous' et contre la loi Taubira, les millions de manifestants, citoyens électeurs, sauront se souvenir de ce reniement le moment venu", ajoute la présidente de la Manif pour tous, laissant entendre que les opposants au mariage gay ne glisseraient certainement pas un bulletin UMP aux prochaines élections…

La réponse de Copé. Regrettant le "ton comminatoire" de cette lettre, Jean-François Copé a répondu, lundi soir, par courrier, à la Manif pour tous. Le patron de l'UMP réfute tout reniement et assure que son engagement, lors des manifestations contre le mariage gay, avait été "motivé non pas par la possibilité d'une union entre personnes de même sexe, mais par l'ouverture à tous de l'adoption, des bouleversements en matière de filiation, et des questions éthiques concernant la PMA et la GPA".

Pour l'union civique. Dans sa missive, le député-maire de Meaux renvoie à "un éditorial du 11 janvier 2013" où il s'était déclaré "clairement en faveur d'une 'alliance civile réservée aux couples de même sexe [qui] n'ouvrirait pas droit à l'adoption, mais protégerait les personnes des accidents de la vie". "Il me semble anormal qu’un couple de personnes homosexuelles ne bénéficie pas d’un statut juridique protecteur en cas de décès ou de séparation, malgré parfois des années de vie commune", écrit Jean-François Copé, qui rappelle que le groupe UMP a défendu à l'Assemblée nationale un projet d'union civile". Ce qui est vrai. Trois amendements avaient été déposés en ce sens, lors de l'examen de la loi Taubira.

Ce que Copé oublie de rappeler. En affirmant "n'avoir jamais eu d'opposition d'aucune sorte à l'idée du mariage homosexuel", Jean-François Copé est pris dans le piège de ses propres contradictions. Car comment défendre cette position aujourd'hui alors que le député-maire de Meaux a été l'un des plus farouches opposants à la loi Taubira, appelant les militants de sa formation politique à "manifester massivement" contre le projet - ce qui avait d'ailleurs fait débat au sein de l'UMP. Par ailleurs, le président de l'UMP, en sa qualité de maire de Meaux, s'est toujours refusé à célébrer un mariage gay dans sa commune, préférant laisser de telles célébrations à ses adjoints.