Des sondages de l’Elysée payés par Matignon

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avec AFP , modifié à
Un rapport révèle que l’Elysée s’éviterait ainsi des dépenses qui devraient lui incomber.

Une nouvelle affaire de sondages secouerait-elle l’Elysée ? D’après le rapport du député PS du Lot Jean Launay, la présidence de la République ferait payer certains de ses sondages par Matignon.

Pour "externaliser" ainsi ses dépenses, elle utiliserait le Service d'information du gouvernement (SIG). Pour Jean Launay, qui a examiné les crédits alloués à l’Elysée en 2011, ce "système" marquerait "la tentation d'un retour en arrière". Selon son rapport, les choses n’auraient "jamais véritablement changé", malgré "les déclarations d’intention". "La réalisation par Matignon de sondages pour le compte de l'Elysée (...) permet à la présidence de la République de s'affranchir d'un certain nombre de dépenses qui devraient lui incomber", estime-t-il.

Une hausse des dépenses de Matignon

Le député Launay considère qu’il faut "mettre en parallèle la diminution des crédits consacrés" aux sondages par l'Elysée en 2010 avec l'augmentation sensible des dépenses d'études et de sondages prises en charge par Matignon à partir de 2008". Le "budget sondages" de l’Elysée est en effet passé d’1,875 millions d’euros en 2009, à 1,3 million en 2010, pendant que celui de Matignon augmentait.

Citant un récent document de la Cour des comptes, M. Launay note que "la cellule communication du chef de l'Etat intervient dans le processus de choix" des commandes du SIG, dépendant pourtant de Matignon, et, surtout, "qu'aucune contribution financière à ces études n'est intervenue de la part de l'Elysée, contrairement à la règle posée" par Nicolas Sarkozy "concernant la transparence des dépenses de ses services".

Le député apparenté PCF, Jean-Pierre Brard, a accusé lundi le SIG de prendre des "libertés" avec les règles de la comptabilité publique. De son côté, la députée PS Delphine Batho a dénoncé une "annexion du SIG par la présidence", jugeant "la baisse du budget sondages de l'Elysée complètement fictive" puisque celui du SIG ("4,3 millions d'euros" pour 2011) a été "multiplié par deux" depuis 2009.

Henri de Raincourt, ministre chargé des relations avec la Parlement a répondu que le SIG s'était "adapté" au fait que M. Sarkozy était "très actif" et "donn(ait) le plus souvent les orientations très précises de la politique gouvernementale". Les commandes d'enquêtes sont donc "le résultat d'échanges réguliers entre le SIG, Matignon et l'Elysée", a-t-il assuré lundi.

Nouvelle polémique, un an après

Il s’agit donc d’une nouvelle affaire, seulement un an après une vive polémique. L’année dernière, la presse révélait qu’1,5 million d’euros avaient été versés par l’Elysée en 2008 à Publifact, un cabinet d’études. La somme avait alors été jugée trop importante par la Cour des Comptes, et le parti socialiste avait demandé une enquête, avant d’y renoncer.