De l'utilité des écolos au gouvernement

Pascal Canfin et Cécile Duflot ont un rôle politique bien précis.
Pascal Canfin et Cécile Duflot ont un rôle politique bien précis. © MAXPPP
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Alors qu'a débuté la conférence environnementale, Duflot et Canfin cherchent encore leur place.

La conférence environnementale qui s’est ouverte vendredi pourrait être un nouveau moment délicat pour les ministres écologistes. Depuis plusieurs semaines, Cécile Duflot et Pascal Canfin s’essaye à la douloureuse technique du grand écart, tiraillés qu’ils sont entre la traditionnelle solidarité gouvernementale et la grogne de leurs camarades écologistes. Nucléaire, aéroport Notre-Dame-de-Landes, Traité européen… les pommes de discordes ne manquent en effet pas entre les socialistes et leurs alliés Verts.

Alors forcément, durant la conférence environnementale, à laquelle ils participeront, l’une sur la biodiversité, l’autre sur la fiscalité écologique, le rôle de Cécile Duflot et de Pascal Canfin au sein de l’équipe Ayrault risque encore d’être interrogé. Mais si la ministre des Transports et son collègue délégué au Développement peinent à trouver leur place au sein du gouvernement, leur présence s’explique par plusieurs raisons, avant tout politiques.

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• Montrer que l’écologie s’occupe de tout. Avec Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin au Développement, le message envoyé est aussi celui d’une écologie politique capable de s’ouvrir à d’autres thématiques. "L’idée, c’était de dire que le parti écologiste était en capacité d’appréhender d’autres problèmes que celui de l’environnement. Faire passer l’idée que le parti n’est pas monothématique", confirme à Europe1.fr Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof.

Et dans ce cadre, "placer Cécile Duflot au Logement était un bon choix, car il y a un vrai programme écologiste en la matière, avec la rénovation, l’isolation thermique…", poursuit le politologue spécialiste de l'écologie politique. "L’idée, c’est  vraiment de montrer que l’écologie est partout".

• Museler une opposition potentielle. La stratégie avait été efficace entre 1997 et 2002. Avec Dominique Voynet ministre de l’Environnement jusqu’en 2001, relayée par Yves Cochet, mais aussi Guy Hascoët à l’Economie solidaire à partir de 2001, les Verts avaient eu du mal à exister. Mais c’est cette fois plus compliqué. Car la donne a changé.

D’abord, avec la création d’Europe Ecologie, le mouvement écologiste a pris une nouvelle dimension, symbolisée notamment par le très gros score réalisé lors des Européennes de 2009 (16,28%). Ensuite, l’accord passé avec les Verts oblige les socialistes. "Entre 1997 et 2002, il y avait très peu d’engagement, car l’accord programmatique avait été conclu très vite après la dissolution, par manque de temps. Cette fois, il y a des engagements concrets", rappelle Daniel Boy.

D’où des sorties très remarquées, de Denis Beaupin et de Noël Mamère notamment, après les propos des ministres Montebourg ou Batho sur le nucléaire. Et les propos voulus rassurants de Cécile Duflot, rappelant que seuls les actes comptent, n’ont pas calmé les esprits. "Museler les Verts, c’est dur", sourit Daniel Boy en guise de résumé.

• A quand le divorce ? A priori, la conférence environnementale ne devrait pas être la goutte d’eau… "C’est un peu tôt. Ce serait un peu ridicule après tous les efforts qui ont été faits. C’est un peu chaud en ce moment entre le gouvernement et les écologistes, mais ce n’est pas encore brûlant", estime Daniel Boy, qui admet tout de même que la situation de Cécile Duflot et de Pascal Canfin ne sera "pas très confortable".

Si la rupture doit avoir lieu, ce sera plus probablement au sujet du traité européen. Les 22 et 23 septembre, le conseil fédéral d’EELV devra trancher sur cette question. "Le risque de clash est bien plus grand que sur la conférence environnementale, juge Daniel Boy. "Ce sera l’heure de vérité", prévient le politologue.

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