Collomb en guerre contre les "Khmers verts"

Gérard Collomb, maire de Lyon, a envoyé Thierry Braillard  aux législatives, contre l'écologiste Philippe Meirieu, soutenu par le PS.
Gérard Collomb, maire de Lyon, a envoyé Thierry Braillard aux législatives, contre l'écologiste Philippe Meirieu, soutenu par le PS. © REUTERS
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 LEGISLATIVES - L'accord électoral PS-EELV ne passe pas à Lyon.

À ma gauche vous avez Philippe Meirieu, vice-président de la région Rhône-Alpes, candidat EELV aux législatives dans la 1ere circonscription du Rhône, soutenu par le Parti socialiste. A ma gauche encore, vous avez Thierry Braillard, adjoint au maire de la ville de Lyon, candidat du Parti radical pour la même circonscription, soutenu par le maire socialiste Gérard Collomb. À ma droite enfin, vous avez le député UMP sortant Michel Havard, qui se réjouit de la bataille entre les deux premiers et espère bien qu'elle entraînera sa réélection.

Voici les acteurs principaux du feuilleton de la 1ère circonscription du Rhône. Mais ce ne sont pas pour autant les plus audibles, tant la bataille prend une tournure nationale.

"Je ne plierai pas devant les Khmers verts"

L'acte I de la série démarre en novembre dernier, lors de la signature de l'accord PS–EELV, qui devait réserver 60 circonscriptions aux écologistes. Philippe Meirieu est alors désigné candidat officiel, soutenu par les socialistes. Ce qui ne plait pas, mais pas du tout, à Gérard Collomb. "Si on m'avait proposé un écologiste en sympathie avec la politique municipale, je l'aurai accepté, mais là, quelqu'un qui vote contre tous les grands dossiers d'aménagement de l'agglomération, je dis non!, avait réagi le premier magistrat de Lyon. Je me suis toujours battu contre les Khmers rouges, je ne plierai pas aujourd'hui devant les Khmers verts." Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il va jusqu'au bout de sa parole.

Meirieu Duflot Lyon

Comme le rapporte Le Nouvel observateur, le radical Thierry Braillard fait campagne en se présentant comme "le candidat de la majorité présidentielle". Ses tracts le montre en train de poser avec François Hollande, et ses bulletins de vote ont été imprimés en rouge, avec le signe PS et le logo du poing et de la rose. Le PS a beau eu saisir en urgence la justice afin d'interdire à Thierry Braillard l'utilisation des symboles du parti. Mais le TGI de Lyon, s'estimant incompétent, a débouté le plaignant.

L'écologiste Philippe Meirieu, lui, se désole de la tournure que prend la campagne. "Elle se polarise sur les rivalités entre deux candidats, c'est dommage pour les électeurs", déplore-t-il, interrogé par l'Obs. "Il y a tromperie, la confusion est entretenue sur les candidatures et c'est regrettable. Les gens se posent des questions."

"Reprends-toi Gérard !"

L'acte II voit se dérouler une véritable guerre ouverte entre Gérard Collomb et tout le parti Europe-écologie-Les-Verts. Dernière passe d'armes en date : celle entre Cécile Duflot et le maire de Lyon. "Madame le ministre, vous connaissez évidemment mal l'histoire de Lyon. Sachez que sous Napoléon III déjà, les édiles républicains de Lyon s'opposaient aux candidatures officielles imposées par Paris. Je continuerai cette grande tradition républicaine, écrit Gérard Collomb, jeudi dans un communiqué. Je vous conseille d'être davantage ministre et moins partisane."

Le maire du Lyon faisait écho à une interview parue sur le site du Progrès jeudi, dans laquelle Cécile Duflot défendait Philippe Meirieu. "Les membres du gouvernement sont en campagne pour tous les candidats de la majorité", se justifie la ministre. "Philippe Meirieu doit faire face à une situation d'agressivité que personne n'avait imaginée possible dans un partenariat politique", s'insurge Cécile Duflot. Vendredi matin sur i-télé, c'est au tour de Jean-Vincent Placé de contre-attaquer et de défendre sa Secrétaire nationale. "On n'a pas de leçon à recevoir de Monsieur Collomb. Moi ça fait huit mois que je suis au Sénat, j'ai toujours pas vu Gérard Collomb qui est sénateur et qui cumule", tacle l'écologiste. 

Et lundi dernier, c'est avec Daniel Cohn-Bendit que le maire de Lyon avait déjà croisé le fer. "Gérard Collomb est atteint par le syndrome des maires, ceux qui ont peur de perdre les municipales, avait assené l'eurodéputé écologiste interrogé par le progrès. Et il est aussi atteint du syndrome Georges Frêche : le monde ne tourne rond que s’il tourne à sa manière. Je trouve qu’il pète les plombs de manière irrationnelle. J’ai envie de lui dire 'Il faut que tu te reprennes, reprends-toi Gérard !'"

Sondage : Meirieu devant Braillard

Le maire de Lyon lui avait immédiatement répondu sur son site, l'invitant à "lui-même se plier à la raison".  "Parce que je porte un projet pour ma ville, je ne peux en aucun cas soutenir Philippe Meirieu, qui s’oppose à nos projets, tacle Gérard Colllomb. Daniel Cohn-Bendit reprend une vision jacobine aujourd’hui dépassée, et il doit comprendre que l’avenir se jouera dans un dialogue entre l’Etat central et les territoires."

Le seul qui pourrait s'estimer heureux, c'est l'UMP Michel Havard. Mais les sondages le donnent pour l'instant perdant, malgré les bisbilles entre les deux hommes de gauche. Selon une enquête OpinionWay-Fiducial pour Lyon Capitale datée du 6 juin, l'UMP arriverait certes en tête au premier tour (30%), devant l'écologiste (24%) et le radical (21%). Mais il est pour le moment donné perdant au second, quelque soit l'adversaire. Or Philippe Meirieu et Thierry Braillard ont affirmé qu'ils se désisteraient derrière le candidat de gauche le mieux placé, au second tour.