Cohn-Bendit allume Duflot et EELV

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L'eurodéputé menace de quitter le parti à "l'image devenue détestable", dans un entretien à Libération.

Daniel Cohn-Bendit est un homme libre. Il pourrait l'être encore plus en quittant Europe écologie-Les Verts. C'est en tout cas la menace que "Dany" fait, dans un entretien publié vendredi dans Libération. L'eurodéputé livre un réquisitoire très dur contre EELV et contre "la chef de clan" Cécile Duflot.

"Notre image est devenue détestable"

"On existe à l'Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d'une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable. Nous avons échoué là où on voulait redonner espoir en faisant de la politique autrement. Aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme", assène Daniel Cohn-Bendit dans cet entretien.

Invité à préciser ses reproches, ce dernier souligne le comportement de la secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot : "Quand on la voit par exemple, dans un documentaire, brandir son stylo en jurant qu'elle ne signera jamais un accord avec le PS sans la sortie du nucléaire, et qu'évidemment on le signe quand même car c'est un bon accord, cela est dévastateur".

Il tacle et défend Duflot

"Le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels, y compris chez mes propres amis", lance-t-il, alors que Cécile Duflot ou le patron des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé avaient fait amende honorable, quelques jours avant l'annonce du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault, pour "l'image de chasse aux portefeuilles" qu'ils avaient donnée, selon les mots de Jean-Vincent Placé. "Chef de clan, elle impose l'intérêt de ses pairs comme l'intérêt commun", poursuit Daniel Cohn-Bendit à l'égard de la ministre du logement.

Il lui reconnaît toutefois "une capacité hors du commun à s'imposer dans l'organisation" et lui décerne un satisfecit pour sa défense de la dépénalisation du cannabis : "Je l'ai défendue. J'ai été un des rares à monter résolument au créneau". Et "Dany" de tacler Jean-Vincent Placé, proche de Cécile Duflot, qui ne l'a selon lui pas défendue, "trop occupé qu'il était à trouver un ministère".

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"Militant en sursis"

Le coprésident du groupe Verts des députés européens se déclare enfin "militant en sursis". "Les nombrilismes nationaux, et donc aussi français, m'ennuient profondément. Si ce parti continue avec cette structure pyramidale autoritaire, ce sera sans moi", menace-t-il. Daniel Cohn-Bendit salue cependant le "bilan historique" d'EELV qui a obtenu un groupe parlementaire au Sénat, un à l'Assemblée et deux ministres au gouvernement, même si, pour lui, c'est "la conséquence logique de nos succès aux élections européennes en 2009 (ndlr : qu'il avait menées) et régionales de 2010. Et plus largement de la création d'Europe Ecologie", dans laquelle il s'était impliqué.

Il prédit des "prochaines élections très difficiles" pour EELV s'il n'y a pas "de débat interne" et de "remise en question" des "pratiques". Il "ne met pas en doute", enfin, "la volonté" de Pascal Durand, qui devrait prendre la succession ce week-end de Cécile Duflot à la tête d'EELV, "de parvenir à un fonctionnement plus collectif", et qualifie de "bon début" la coprésidence paritaire qui devrait se mettre en place à la tête du groupe des députés écologistes à l'Assemblée nationale.