Bayrou va-t-il choisir la neutralité ?

Le leader centriste pourrait ne pas donner de consigne de vote mais émettre un jugement personnel sur les finalistes.
Le leader centriste pourrait ne pas donner de consigne de vote mais émettre un jugement personnel sur les finalistes. © Montage MAXPPP/REUTERS
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avec Reuters , modifié à
Le président du MoDem doit dévoiler son intention pour le second tour à 19h jeudi.

François Bayrou va-t-il adopter la position du "ni-ni" ? Au lendemain du débat, le président du MoDem doit dévoiler jeudi, à 19 heures, ses intentions pour le second tour de l'élection présidentielle. Une réunion à huis clos du comité stratégique, au siège du parti, aura lieu dans la matinée suivie, dans l'après-midi, d'un Conseil national. Selon ses proches, le leader centriste ne devrait pas donner de consignes de vote mais émettre un jugement personnel sur les finalistes.

Il prendra ses "responsabilités"

Le président du MoDem, qui a subi un échec cuisant au premier tour en divisant son score de 2007 par deux (9,13%), avait affirmé dès le résultat connu qu'il prendrait ses "responsabilités" pour ce scrutin. En 2007, François Bayrou avait choisi de ne pas se prononcer entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, provoquant la désertion de la majorité de ses députés. Il avait confié plus tard avoir voté blanc.  

Selon un sondage Harris Interactive réalisé les 25 et 26 avril, 41% des électeurs de François Bayrou porteraient leur choix sur le candidat socialiste au second tour, contre 36% qui opteraient pour Nicolas Sarkozy. Près de 23% pensent s'abstenir ou voter blanc.

"Valider" les thèses du FN

Le président du Mouvement Démocrate, qui a adressé une lettre aux deux candidats mercredi dernier pour attirer leur attention sur ses priorités, s'était penché sur leur programme tout autant que sur leur "attitude personnelle".

François Bayrou, qui avait qualifié le président sortant d'"enfant barbare" dans son pamphlet Abus de pouvoir n'a finalement jamais rendu les armes face au chef de l'Etat sortant, l'accusant au lendemain du premier tour de "valider" les thèses du Front national. "Un personnage grossier ne peut faire que des choses grossières", dit un membre de la garde rapprochée du dirigeant du MoDem, attestant de l'impossibilité de l'hypothèse Sarkozy.

Dans une lettre adressée mercredi, le président du Parti radical Jean-Louis Borloo, un ex-compagnon de route, presse François Bayrou de délivrer "un message clair au pays écartant le risque du programme socialiste et choisissant l'alliance de la droite et du centre".

Un programme "insoutenable"

Quant à François Hollande, le favori des sondages pour lequel plusieurs cadres du MoDem se sont prononcés dès après le premier tour, il est économiquement disqualifié aux yeux de François Bayrou, qui juge son programme "insoutenable". De son côté, François Hollande a assuré, jeudi sur France 2, qu'il aurait, "quoi qu'il fasse", "de la considération" pour François Bayrou.

"Je suis personnellement d'avis de ne pas prendre position pour l'un des deux candidats", explique le député (ex-UMP) Daniel Garrigue, qui s'est rallié à François Bayrou. "Je me bats depuis plusieurs années contre la 'sarkolisation', et quant à Hollande, en matière économique et financière, ça ne répond pas aux besoins du pays aujourd'hui", explique-t-il.

François Bayrou a promis une réponse "collégiale", qui devrait être soumise au conseil national du MoDem. L'ex-candidat annoncera sa décision en fin de journée, lors d'un point de presse à son siège de campagne ou sur une grande chaîne de télévision. "Je comprendrais qu'il ne prenne pas position mais pas qu'il renvoie les deux candidats dos à dos", explique Jean-Luc Bennahmias qui s'est prononcé personnellement pour François Hollande.

Ses proches prédisent "une position d'équilibre" qui prendrait en compte la perspective des élections législatives à la faveur desquelles François Bayrou ambitionne de rassembler la diaspora centriste.