Bayrou, la mauvaise passe

François Bayrou aura bien du mal à rééditer son score de 2007 (18,37%).
François Bayrou aura bien du mal à rééditer son score de 2007 (18,37%). © Reuters
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Le candidat centriste, engoncé entre les deux favoris, est à la baisse. Son camp y croit encore.

Fort de sa troisième place en 2007, François Bayrou rêvait de faire mieux cinq ans plus tard. Las, le candidat centriste, après une embellie au début du mois de mars, n’est plus à la fête dans les sondages. Selon le baromètre quotidien Ifop-Fiducial pour Paris Match de mercredi, il émarge à un petit 11% d’intentions de vote. Le président du Modem a en outre eu la désagréable surprise de voir Jean-Luc Mélenchon le dépasser. Et François Bayrou est désormais en cinquième position dans les intentions de vote.

Pourtant, dans son camp, on affiche la même détermination. "La cinquième place est une hypothèse que nous n’envisageons pas", assure Bernard Lehideux, proche de François Bayrou, joint par Europe1.fr. "Une campagne électorale, ça se vit jour après jour, marche après marche, et quand on est en campagne, on ne se pose pas ce type de question. J’y croirai jusqu’à ce que le dernier bureau de vote ferme", assure ce membre actif du comité de campagne du candidat centriste.

Ni à droite, ni à gauche

Mais le mal est profond, au moins à la gauche de François Bayrou. "Le discours du Bourget de François Hollande (le 20 janvier, ndlr), sur la République et sur la France, a parlé à toute une partie de l’électorat centriste", analyse pour Europe1.fr Stéphane Rozès, président du CAP (Conseil, analyse et perspective). "Le candidat socialiste a ainsi asséché l’espace de centre gauche pour François Bayrou".

L’autre problème du candidat du MoDem est qu’il n’arrive pas non plus à gagner du terrain sur sa droite. "On aurait pu penser que le discours très droitier de Nicolas Sarkozy lors de son entrée en campagne lui libérerait plus d’espace", confirme Stéphane Rozès. "Mais le président sortant a fait, sans doute à regret, acte de contrition, sur le Fouquet’s, le yacht de Bolloré, l’Epad et Jean Sarkozy, ses mots lors du Salon de l’Agriculture, bref sur la façon dont il a abaissé la fonction présidentielle. Et ça c’est très important dans l’électorat de François Bayrou."

François Bayrou est celui qui dépend le plus des autres"

En outre, poursuit le politologue, "Nicolas Sarkozy a réoccupé l’imaginaire de la droite. Donc l’électorat de droite mécontent de son quinquennat est désormais dans  une attitude de "wait and see" dans les intentions de vote, et n’a pas encore basculé vers François Bayrou." Ce dernier point nourrit les espoirs de l’entourage du candidat centriste. "L’électorat de Nicolas Sarkozy est dans l’expectative. Beaucoup de français hésitent", veut ainsi croire Bernard Lehideux. "De plus en plus d’électeurs font les choix dans les derniers jours, dans les dernières heures. Cela montre qu’il faut continuer à faire campagne", assure l’ancien député européen.

L’homme se veut d’autant plus optimiste qu’il voit dans la situation actuelle un simple "moment" défavorable à son candidat. "Il y a  eu deux séquences récentes qui ont un peu étouffé les autres candidats. D’abord les suites de l’abomination de Toulouse, c’est-à-dire que la présence du président de la République en tant que telle a un peu écrasé la campagne. Et puis deuxièmement, le fait que  Monsieur Mélenchon est à la mode, et que tout le monde regarde dans cette direction au lieu de regarder ailleurs." Mais la "séquence Bayrou n’est-elle pas passée ? "On va en créer une autre", sourit Bernard Lehideux en guise de réponse.

Pas sûr que cela soit si simple. "François Bayrou est celui qui dépend le plus des autres", estime Stéphane Rozès. "Il dépend de la capacité de François Hollande et de Nicolas Sarkozy de creuser leur sillon. Le scénario le plus favorable pour le candidat centriste, c’est celle d’une faute de Nicolas Sarkozy. C’est lui qui est dans la guerre de mouvement, c’est donc lui qui est le plus susceptible de commettre une erreur", affirme le politologue. François Bayrou n’a semble-t-il pas son destin en main. Et ses 18,37% des suffrages réunis en 2007 s'éloignent de plus en plus.