Allocations familiales : bras de fer entre l'exécutif et le PS

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Louis Hausalter avec Alexandre Kara , modifié à
SERPENT DE MER - Le groupe PS remet sur la table le délicat sujet de la modulation en fonction des revenus. Le gouvernement temporise… pour l'instant.

Ce n'est pas encore un bras de fer, mais c'est bel et bien un défi lancé par les députés socialistes à François Hollande. Mardi, lors d'une réunion de groupe à huis clos, une majorité des députés PS s'est prononcée pour une modulation des allocations familiales en fonction des revenus, rapportent Les Echos. Et Bruno Le Roux, pourtant un fidèle d'entre les fidèles du président de la République, semble disposé à les soutenir. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale souhaite en tout cas "rouvrir le débat".

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Le principe d'universalité mis à mal. Les députés PS s'apprêtent à lancer une véritable bombe politique. L'année dernière, le gouvernement avait pourtant réaffirmé le principe d'universalité des allocations familiales, préférant abaisser le plafond du quotient familial pour faire des économies. Pourra-t-il tenir la même ligne cette année, alors que la Commission européenne réclame des efforts budgétaires supplémentaires à la France ?

Touraine

Marisol Touraine "ouverte à tous les débats". Pour l'instant, le gouvernement se contente de rappeler poliment que le placement des allocations familiales sous condition de ressources ne figure pas dans le budget de la Sécurité sociale, présenté mercredi en conseil des ministres. "Cette proposition n'est pas celle du gouvernement", a déclaré la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine (photo), sur France Info. Mais l'exécutif ne ferme pas la porte non plus. "Nous allons échanger", "nous aurons la discussion", a assuré Marisol Touraine, qui se dit "ouverte à tous les débats, à toutes les analyses".

Même tonalité dans la bouche de Stéphane Le Foll. "Tout peut évoluer, la discussion est ouverte", a estimé le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, mercredi au micro d'Europe 1, se bornant à rappeler que "la priorité du gouvernement, c'est les 700 millions d'économies" sur la politique familiale.

Invité de Wendy Bouchard, mercredi midi sur Europe 1, le député socialiste Malek Boutih s'est prononcé pour une réforme des allocations familiales. "L'universalité, ça veut dire que vous essayez de traiter les gens en fonction de ce qu'ils sont. Je suis contre l'assistanat, mais je pense qu'il n'est pas normal, surtout dans des moments difficiles sur les comptes publics, de dire qu'on traite quelqu'un qui à 10.000 euros de revenus comme quelqu'un qui a 1.000 euros de revenus", a-t-il déclaré.
Pour lui, "on sent, à partir de ce débat-là, comment dans un pays, chacun est en train de se replier et de dire : 'le souci des autres, ce n'est pas le mien'".

Morano pour un plafonnement. Du côté de l'UMP, l'eurodéputée Nadine Morano s'est déclarée "favorable à un plafonnement" des allocations familiales en fonction des revenus. "C'est un débat qu'il faut ouvrir", a-t-elle estimé sur BFMTV mercredi, tout en appelant à "faire attention car la politique familiale nous est enviée partout en Union européenne".

Hollande en position de faiblesse. Le sujet est donc renvoyé à la discussion parlementaire, qui s'annonce agitée. D'autant que l'Elysée n'a aujourd'hui pas tellement l'avantage dans ce débat. "Le rapport de force avec trente frondeurs, c'est une chose, mais avec tout le groupe, c'en est une autre", reconnaît un ministre. Surtout pour un président qui surnage à 13% d'opinions favorables