A l'Assemblée, scènes de sexisme ordinaire

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Fabienne Cosnay et Arthur Helmbacher , modifié à
L'Hémicycle n'en a pas fini avec sa réputation de machiste. Paroles de député-e-s. 

"Le sexisme au Parlement, c'est récurrent, résistant, assez terrifiant", résume Christiane Taubira. Le dérapage sexiste du député UMP Philippe Le Ray, qui a imité le caquetage d'une poule pendant l'intervention de sa collègue écologiste Véronique Massonneau, illustre une nouvelle fois le fait que l'Assemblée n'en a pas fini avec sa réputation de "machiste". Avec seulement 26% de femmes élues, le Palais-Bourbon reste avant tout un univers d'hommes qui peinent à accepter leurs conseurs.

A gauche comme à droite. Des scènes de sexisme ordinaire, toutes les élues ou presque en ont une à raconter. La députée socialiste Catherine Coutelle, par ailleurs présidente de la Délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, qui a assisté en direct à l'imitation de la poule mardi soir, estime qu'au-delà du comportement de "trois-quatre individus un peu éméchés qui se sont crus drôles", "le sexisme ordinaire reste assez fréquent".

Dans "ce lieu de pouvoir, les hommes ne sont pas forcément à l'aise quand des femmes s'imposent" analyse cette élue, interrogé par l'AFP. "Même chez les députés PS, nous avons quelques machos, dont un m'a dit récemment ne pas être contre les femmes mais tout contre", dans une allusion à une citation de Sacha Guitry, raconte t-elle.

"Habiller comme ça, faut pas s'étonner de se faire violer" :

Porter la jupe. Une de ses collègues, Catherine Lemorton, présidente PS de la commission des Affaires sociales, confesse qu'elle n'a plus oséde jupe pendant plusieurs années après s'être vue décerner le palmarès des "plus belles jambes de l'Assemblée" en 2008 par un député UMP. "Habiller comme ça, faut pas s'étonner de se faire violer", s'est carrément entendue dire la députée PS de Paris Sandrine Mazetier. 

Renoncer à la jupe pour éviter les quolibets ? "Ce serait déjà une victoire du machisme", estime Chantal Jouanno, qui a créé en 2012 avec d'autres élues le réseau Femmes et pouvoir pour dénoncer le machisme en politique. L'ancienne ministre des Sports s'est vue prêter une liaison avec Nicolas Sarkozy. "Une rumeur dont je garde un très mauvais souvenir", confie t-elle à Europe 1. Chantal Jouanno entend alors "des tas de petits éléments" qui  suggèrent "qu'elle est arrivée là parce que c'est une femme". L'éternel procès en incompétence.