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Soupçons de financements libyens : «Quand vous prenez les indices, ils s'effondrent tous», affirme l'avocat de Nicolas Sarkozy à la veille du procès

Europe 1 . 3 min
© LIONEL BONAVENTURE / AFP

À partir de ce lundi, l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, comparaîtra au tribunal dans le cadre de l'affaire dite des soupçons de financements libyens de sa campagne de 2007. Invité d'Europe 1 Soir week-end, son avocat, Me Christophe Ingrain, affirme que l'ancien chef de l'État "attend avec détermination l'audience".

Nicolas Sarkozy s'apprête à retourner au tribunal. Ce lundi commence le procès de l'affaire dite des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de l'ancien ministre de l'Intérieur. Invité de Pascale de La Tour du Pin dans Europe 1 Soir week-end, son avocat, Me Christophe Ingrain, affirme que son client "est très combatif" et qu'il va "se défendre comme un lion, comme lors de l'instruction". 

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"Il y a eu une débauche de moyens comme rarement, on peut rencontrer dans un dossier"

À quelques heures de l'ouverture du procès, Me Christophe Ingrain estime que "Nicolas Sarkozy a en face de lui un dossier sans la moindre trace de financement illégal de la campagne de 2007 alors qu'on a eu dix ans d'enquête, des centaines d'heures d'écoutes, des dizaines de gardes à vue, les magistrats ont fait le tour du monde pour rechercher et tenter de trouver des preuves".

Concernant l'accusation d'enrichissement personnel contre l'ancien président, il affirme que "les juges ont examiné les comptes de Nicolas Sarkozy, les comptes de son ex-femme, de ses enfants, les comptes de la succession de sa mère, il y a eu une débauche de moyens comme rarement, qu'on peut rencontrer dans un dossier" et ils ont reconnu "dans leur ordonnance" qu'il n'y avait aucun signe d'enrichissement personnel, dont "on n'a pas le montant". 

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"Selon les interlocuteurs des juges, on a un million, deux millions, cinq millions, 50 millions, on a même 400 millions. On ne sait pas de quelle monnaie d'ailleurs. Des euros, des dollars, des dinars ? On ne le sait pas", déclare Christophe Ingrain.  

"Pourquoi cette invention selon laquelle c'est grâce au président Sarkozy que la Libye ferait son retour sur la scène mondiale ?"

Au micro d'Europe 1, l'avocat de Nicolas Sarkozy est également revenu sur la défense qu'il va mettre en place durant ce procès. Il compte revenir sur les contreparties qui auraient été "promises par le président Sarkozy en échange du financement" : "Selon les juges, le président Sarkozy se serait engagé à faire revenir la Libye sur la scène mondiale. Un retour qui date de 2004, je le précise parce que ce n'est pas dans le dossier". 

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Il déclare également que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'est rendu en Libye 2005. Alors qu'il "est le 39e dirigeant politique occidental à rendre visite à Mouammar Kadhafi. Jacques Chirac y est allé, tout le gouvernement Chirac a défilé à Tripoli en 2004 et a rencontré Kadhafi. Pourquoi cette invention selon laquelle c'est grâce au président Sarkozy que la Libye ferait son retour sur la scène mondiale ? Ça n'a aucun sens", dit Me Christophe Ingrain. 

Dans le dossier, l'accusation prend également exemple de la visite de Mouammar Kadhafi à Paris en 2007 comme "preuve qu'il y avait un lien très fort entre eux et qu'on ne pouvait rien refuser à Kadhafi. C'est la preuve qu'il avait financé la campagne". Mais Me Christophe Ingrain cite les visites du dirigeant libyen dans la même période au Portugal et en Espagne qui était semblable à celle de Paris. 

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"Quand vous prenez les indices, ils s'effondrent tous"

L'avocat revient également sur les différentes versions tenues par Ziad Takieddine, actuellement réfugié au Liban, "un des piliers de l'accusation", et qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la justice française. "Il y a eu 16 versions, à chaque fois, il dit 'je vais vous donner les documents qui prouvent que je vous dis la vérité'. Mais alors quelle vérité ? Il n'y a pas eu un document donné à la justice, non seulement de sa part, mais de la part de tous les autres dignitaires libyens". 

Me Christophe Ingrain indique que les juges d'instructions ont renvoyé Nicolas Sarkozy "sur ce qu'ils appellent un faisceau d'indices. Le problème, c'est que le faisceau, quand vous prenez les indices, ils s'effondrent tous. Donc ce n'est vraiment pas sérieux". 

L'ancien président encourt jusqu'à 10 ans de prison et 375.000 euros d'amende. Un procès hors normes qui durera quatre mois durant lequel Nicolas Sarkozy sera bien présent. Et selon son avocat, "il se défendra comme un lion, comme il s'est défendu pendant l'instruction".