Violences conjugales : le coup de gueule d'Olivier Delacroix contre la classe politique

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Alexis Patri , modifié à
L'animateur d'Europe 1 Olivier Delacroix présente mardi soir sur France 5 "Violences conjugales : la fin du silence", deuxième épisode de sa série documentaire "Ils font bouger les lignes". Invité d'Anne Roumanoff Olivier Delacroix dénonce la lenteur de la classe politique française face à la question urgente des violences faites aux femmes.
INTERVIEW

C'est à la fois ému et en colère qu'Olivier Delacroix s'exprime sur la question des violences faites aux femmes. Dans Ça fait du bien, le journaliste, qui anime la libre antenne d'Europe 1, appelle la classe politique française à agir plus fort et plus vite sur ce sujet qui lui "tient à cœur". Les violences conjugales sont au centre de l'épisode de sa série documentaire Ils font bouger les lignes, diffusé mardi soir sur France 5, en première partie de soirée.

"Les mots, c'est bien, les actions, c'est mieux"

Alors que se tient mercredi la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, Olivier Delacroix s'exaspère de la situation en France. "Cela fait trop longtemps qu'on entend ce chiffre d'une femme qui meurt tous les trois jours sous les coups de son mari ou de son compagnon", rappelle-t-il. "Là, on descend à peine à deux et demi, malgré les belles envolées lyriques de nos politiques. Les mots, c'est bien, mais les actions, c'est mieux."

Pour le journaliste, ce combat de société est "encore à mener", malgré des avancées qu'il juge trop lentes et trop timides. "On est en 2020, bientôt en 2021. Heureusement qu'on a des policiers un peu mieux formés ! [...] On me parle de foyers d'accueil. Mais pourquoi les femmes devraient bouger ? Elles sont victimes. Elles se font frapper dessus. Les femmes doivent rester chez elles", s'agace-t-il.

"On est à des années-lumière de l'Espagne"

Les solutions sont pourtant là, selon Olivier Delcaroix, qui demande à ce que la classe politique française prenne exemple sur nos voisins espagnols et canadiens. "Il faut durcir notre système législatif", résume-t-il. "Il faut qu'un mec qui frappe sa femme ait peur de dormir en prison le soir même", ce qui n'est selon lui pas le cas aujourd'hui.

"En Espagne, il y a des résultats vraiment énormes", observe ainsi le journaliste. "On est à des années-lumière de l'Espagne. En 3-4, peut-être 5 ans, il y a eu là-bas des avancées significatives, c'est le jour et la nuit. Alors pourquoi ne sait-on pas appliquer ce qui se passe chez nos voisins ?", s'énerve-t-il.

"Pas un discours un extrémiste"

Olivier Delacroix pointe ce qui est pour lui un dysfonctionnement dans notre système législatif. "Les mecs qui vendent du shit, eux oui, ils vont en prison. Mais les mecs qui frappent leurs femmes, il y en a pas (qui vont en prison). Enfin, il y en a très peu, trop peu", estime-t-il. "Cela peut sembler être un discours un peu extrémiste. Mais ça ne l'est pas."

Olivier Delacroix alerte également sur les conséquences dans la construction des enfants qui grandissent dans des foyers soumis aux violences du père. "C'est quoi le regard des enfants qui sont victimes eux aussi, parce que témoins de ces violences ? Quelle image auront-ils de l'amour du couple et de la famille ? Quelle image se feront-ils des rapports homme-femme ?"

Le journaliste explique que son travail pour son documentaire Violences conjugales : la fin du silence l'a encore plus sensibilisé à cette question. "Vous le verrez dans le film, il y a des jeunes filles qui commencent à connaître ces violences de la part de leur compagnon très jeunes, à 15-16 ans", explique-t-il, pointant une nouvelle fois l'urgence d'une action politique forte contre ce problème de société.