Donald Trump 2:05
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Stephen King, James Ellroy, Toni Morrisson… Le rédacteur en chef d"America" revient au micro d'Europe 1, mercredi, sur le rôle essentiel des écrivains américains pour décrire ce pays tant fantasmé. À l'occasion du dernier numéro de la revue, Julien Bisson défend une ligne éditoriale coûteuse, mais ambitieuse.
INTERVIEW

En quittant la Maison-Blanche, mercredi, Donald Trump met fin, sans le savoir, à une aventure littéraire et médiatique française lancée en 2016 : au bout de seize numéros trimestriels, la revue America tire sa révérence avec un dernier numéro, comme l'avaient promis ses concepteurs. Pour raconter les grands thèmes de l'Amérique contemporaine, le titre a énormément misé sur des figures de la littérature d'outre-Atlantique. Julien Bisson, rédacteur en chef d'America, revient mercredi au micro d'Europe 1 sur l'importance de ces signatures pour mieux comprendre ce pays si fracturé.

"Écorcher le vernis" de l'Amérique

Dès le début de l'aventure, à l'automne 2016, America a fait appel à des grands noms pour "proposer un contre-récit à l'histoire de l'Amérique" contemporaine. "Dans chaque numéro, on est partis des grands mythes américains : l'argent, les armes, le sexe, les grands espaces et ainsi de suite. Et puis, grâce aux écrivains américains, on a réussi à écorcher ce vernis, à essayer d'aller gratter pour aller voir ce qui véritablement sommeille dans les tréfonds de l'Amérique."

" Leur poser des questions, c'est justement aller voir la contre-histoire au-delà des discours officiels "

Pour y parvenir, America a pu compter sur le regard Toni Morrison, Stephen King, James Ellroy, Paul Auster, Jonathan Franzen ou Colum McCann. "Leur poser des questions, c'est justement aller voir la contre-histoire au-delà des discours officiels, pour comprendre les lignes de fracture qui peuvent sillonner la culture américaine." Le rédacteur en chef évoque notamment "le poids de l'esclavage, du racisme ou de la violence". En résulte aujourd'hui "une société américaine qui tient par des petites ficelles, tout le temps susceptibles de craquer."

Un coût important, mais rentable

Tout au long de ces seize numéros, la revue a aussi fait appel à de célèbres illustrateurs, comme Emil Ferris ou Chris Ware, références incontestées dans leur domaine aux États-Unis.

Des signatures qui permettent de "mettre en récit la rumeur du monde", mais qui ont aussi un impact considérable sur le coût de cette revue trimestrielle, vendue 19 euros en kiosques et dans les librairies. "Cela coûte cher de réussir à produire un magazine comme America", nuance Julien Bisson. Cela a payé, puisque la revue peut se targuer d'avoir été vendue à 500.000 exemplaires, sans qu'un numéro ne descende sous la barre des 30.000 ventes. "C'est forcément un succès financier", se félicite-t-il.