"Sélectionneurs" : l'équipe de France par ceux qui l'ont entraînée

Du haut, à gauche, jusqu'en bas à droite : Michel Platini, Gérard Houiller,  Henri Michel, Michel Hidalgo et Raymond Domenech.
Du haut, à gauche, jusqu'en bas à droite : Michel Platini, Gérard Houiller, Henri Michel, Michel Hidalgo et Raymond Domenech. © Capture d'écran Canal+
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Guillaume Perrodeau
Michel Hidalgo, Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houllier, et Raymond Domenech se sont confiés sur leur expérience de sélectionneur de l'équipe de France, à l'occasion d'un documentaire diffusé dimanche à 21 heures sur Canal+.

Alors que la Coupe du monde 2018 approche à grands pas, Canal+ a décidé de s'intéresser à ce qui se passait dans la tête des sélectionneurs. Face aux caméras de Renaud Saint-Cricq, cinq anciens sélectionneurs - Michel Hidalgo, Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houllier, et Raymond Domenech - évoquent leur expérience à la tête des Bleus, de leur nomination jusqu'à leur départ de la sélection. Sélectionneurs est diffusé dimanche à 21 heures sur Canal+. Un regret, l'absence de Roger Lemerre et Aimé Jacquet dans le documentaire qui recèle tout de même de très bonnes séquences, avec des images d'archives émouvantes. Morceaux choisis.

Michel Hidalgo : 1984, la première grande victoire de la France

1984 est une grande année pour le football français. Avec le Championnat d'Europe des Nations remporté chez elle, l'équipe de France s'offre son premier trophée majeur. Lors du premier but, le gardien espagnol relâche le coup franc de Michel Platini, permettant à la France d'ouvrir le score. "On se pose pas trop la question et on accepte le coup de pouce", explique en souriant Michel Hidalgo dans Sélectionneurs. L'équipe de France finit par marquer un deuxième but à la 90ème minute. "C'était la joie ! Dans les vestiaires, tous les joueurs étaient à boire le champagne nu", se remémore l'entraîneur, alors qu'à l'écran défile les images d'un vestiaire en liesse. 

Henri Michel : les tirs au but face au Brésil à la Coupe du Monde 1986

Henri Michel est mort le 24 avril dernier. L'entraîneur et le joueur qu'il était ont marqué l'histoire du football français. Notamment pour l'un des plus grands exploits de l'Équipe de France lorsqu'il était sélectionneur : la victoire des Bleus face au Brésil, lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique. Les Français poussent la Seleção de Sócrates jusqu'aux tirs au but. "Sur l'ensemble du match, les Brésiliens méritaient sans doute de se qualifier", reconnaît Henri Michel dans le documentaire.

Vient ensuite le dur moment de choisir les tireurs. "Amoros me dit je tire en premier. Michel Platini vient me dire que je peux le faire tirer quand il veut, ça ne le dérange pas, et Luis Fernandez veut être le cinquième", se souvient le sélectionneur de l'époque. Mais il manque encore deux joueurs et les volontaires se font plus que discrets. Finalement Henri Michel tranche. Ce sera Bellone et Stopyra. "Quand ils sont allés du milieu du terrain jusqu'au point de penalty, leurs jambes tremblaient au point que je me suis dit : 'ils vont tomber avant de tirer'". La suite ? Tous les amateurs de ballon rond la connaissent. Luis Fernandez inscrit le dernier tir au but et offre à la France sa qualification pour les demi-finales.

Gérard Houiller : le traumatisme de France-Bulgarie en 1993

C'est sans doute la défaite la plus terrible pour le football français après le France-RFA de 1982. En 1993, la France est très bien placée pour se qualifier pour la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis. Après une défaite surprise face à Israël, qui n'avait pas gagné depuis sept rencontres, les Bleus ont encore leur destin en main face à la Bulgarie. "Je pensais vraiment qu'on allait se qualifier", explique Gérard Houiller dans Sélectionneurs. Mais Emil Kostadinov en décidera autrement. Le but du Bulgare à la 90ème du match empêche l'équipe de France de se rendre à la Coupe du monde. "Le soir de France-Bulgarie, je me souviens des amis qui étaient sur mon pallier. Et je les compte sur les doigts d'une main", ironise avec le recul Gérard Houiller. Mais face caméra, on sent l'ancien sélectionneur encore très marqué par cet épisode. "Quand je vais mourir, une chose est sûre : vous allez voir en bandeau sur toutes les chaînes d'info les images de France-Bulgarie, car je suis associé à ça", constate-t-il fataliste.

Raymond Domenech : le fiasco Knysna en 2010

Désastre, honte, scandale. Les mots ne manquent pas pour qualifier l'échec retentissant de la France lors de la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud. Ce qui devait être une fête tourne vite au cauchemar. Sélectionneurs revient en détail sur les différents événements de l'époque. Du clash, entre Nicolas Anelka et Raymond Domenech, jusqu'à la grève des joueurs, en passant par les déclarations publiques du président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy. "C'est comme une catastrophe aérienne, une suite de petits détails qui font qu'on se retrouve dans cette situation et que l'avion se plante", analyse aujourd'hui Raymond Domenech.

Quelques minutes avant la grève des joueurs, Raymond Domenech pressent que quelque chose se trame, sans savoir quoi. Une heure plus tard, il finit par lire le communiqué des joueurs devant la presse. "Moi je le lis pour dire, 'stop et on arrête'. C'est là que j'ai eu un manque de lucidité. Il y a des moments où on est dans l'action et on ne sait pas ce que l'on est en train de faire. (...) Je faisais les choses en espérant rattraper le coup, mais en réalité, on s'enfonçait", explique-t-il. Raymond Domenech sera remercié et quatre joueurs - Nicolas Anelka, Patrice Évra, Franck Ribéry et Jérémy Toulalan - seront suspendus par la Fédération Française de Football.