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Alexis Patri
France 5 diffuse mardi soir le documentaire "Projet Cartel : Mexique, le silence ou la mort", production du groupement international de journalistes Forbidden stories. Son réalisateur Jules Giraudat explique dans "Culture Médias", à quelques heures de la diffusion de son film, comment et pourquoi est né ce projet.
INTERVIEW

C'est une initiative de journalistes plutôt inhabituelle qui a donné naissance au documentaire Projet Cartel : Mexique, le silence ou la mort, diffusé mardi soir à 20h50 sur France 5, mais aussi en Belgique sur la RTBF et en Suisse sur la RTS. Jules Giraudat, le réalisateur du film, est l'invité le jour même de Culture Médias. Il explique au micro de Philippe Vandel comment sont nés le groupement international de journalistesForbidden stories et le "projet Cartel", à l'origine de ce documentaire.

"Plus de 170 journalistes ont été tués depuis l'année 2000"

Dans "Projet Cartel : Mexique, le silence ou la mort", les journalistes de Forbidden stories enquêtent sur l'assassinat de la journaliste mexicaine Regina Martinez, et tente de poursuivre son travail. Elle s'intéressait aux trafiquants de drogue et aux relations qu'ils entretiennent avec certains élus.

Le projet Cartel est né en mars 2020. "On s'est réuni à 60 journalistes à Paris, et on a travaillé pendant deux jours", se souvient Jules Giraudat. "La situation est gravissime. Plus de 170 journalistes ont été tués depuis l'année 2000. C'est presque dix journalistes par an. On souhaitait enquêter sur ces questions, sur ces menaces contre les journalistes et en même temps essayer de continuer leur travail." Pour ce faire, le projet Cartel a une stratégie : "apporter une réponse globale en mettant 60 journalistes dans 25 pays", résume le journaliste et réalisateur.

"On a repris le travail là où il avait été arrêté il y a 8 ans"

Selon lui, l'assassinat de Regina Martinez est emblématique de la situation au Mexique. "Elle est la première journaliste d'un média national à avoir été tuée. Le message envoyé à tous les autres journalistes était qu'ils sont tous possiblement en danger. Ça a été un point de bascule au Mexique, où le nombre de journalistes tués a ensuite augmenté", estime Jules Giraudat. "Surtout, le cas Regina Martinez est emblématique de la raison pour laquelle les journalistes sont tués : elle enquêtait sur les liens entre les cartels et les hommes politiques corrompus, ce qu'on appelle la narco-politique."

Pour continuer le travail de Regina Martinez, les journalistes du projet Cartel ont collaboré avec l'hebdomadaire Proceso, où travaillait la journaliste assassinée. "On a repris le travail là où il avait été arrêté il y a 8 ans et on se l'est réparti par petites équipes", précise Jules Giraudat. "Certains sont allés au Veracruz, d'autres ont enquêté sur le blanchiment d'argent des politiques. L'objectif était aussi de rencontrer ses proches, ses collègues, et des sources qui ont travaillé au sein du gouvernement, pour essayer de comprendre pourquoi elle avait été tuée."

Le documentaire de Forbidden stories Projet Cartel : Mexique, le silence ou la mort est à voir mardi soir à 20h50 sur France 5.