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Deux spécialistes de la question, Emmanuel Schwartzenberg et Renaud Revel, débattent de la question dans "Village médias", sur Europe 1.

"Vincent Bolloré n'est pas le problème de Canal+ mais la solution", affirme Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, dans une longue interview accordée à L'Obs. En 2017 pourtant, Canal+ a perdu 300.000 abonnés et un million depuis l'arrivée de Vincent Bolloré à la tête du groupe. Dans Village médias sur Europe 1, deux spécialistes de la question, Emmanuel Schwartzenberg et Renaud Revel, se demandent si Vincent Bolloré est le fossoyeur ou le sauveur de Canal+.

Des constats divergents. "La chaîne est morte. Canal+, en tant qu’entité, avec ce qu'elle avait grâce au Grand Journal, au Petit journal, aux Guignols, tout a disparu", estime Emmanuel Schwartzenberg. "Cela ne veut pas dire que les gens en place ne déméritent pas, c'est seulement que la chaîne, telle qu'on la connaissait, n'existe plus. Après comme distributeur, c'est autre chose", tempère le spécialiste.

Du côté de Renaud Revel, l'avis est tout autre. "Vincent Bolloré a sauvé cette chaîne du désastre. En 2009, quand Jean-Marie Messier quitte Vivendi et que Bolloré arrive, la chaîne est en dépôt de bilan. Il faudra que Vivendi injecte un milliard d'euros pour que la chaîne se redresse", affirme le journaliste.

Alliance entre Canal+ et les opérateurs télécoms : l'enjeu de demain. En désaccord sur le bilan, les deux spécialistes semblent tout de même se rejoindre sur les enjeux du futur : à savoir la position de Canal+ vis-à-vis des opérateurs télécoms comme Orange, SFR ou encore Bouygues. "L'histoire de cette chaîne, c'est qu'elle était indépendante et qu'elle ne l'est plus. Canal+ est devenue dépendante des opérateurs télécoms. Le contenu sur Canal+ n'a plus de valeurs", constate Emmanuel Schwartzenberg. "Elle est devenue un distributeur, mais en création originale, ce qui faisait sa force, cela a disparu".

De son côté, Renaud Revel souligne que "si Canal+ veut survivre, il en va du mariage entre les opérateurs télécoms et la chaîne elle-même". À ce titre,  le conflit entre Canal+ et TF1, concernant la diffusion de la première chaîne, est un bon exemple des tractations futures qui devraient animer l'actualité médiatique. "Ce qui s'est passé est un épiphénomène. En revanche, c'est le début des grandes manœuvres qui vont s'ouvrir pour savoir avec qui Canal+, dans les dix années qui viennent, va se marier pour devenir un géant en Europe", annonce Renaud Revel. "Demain, Canal+ n'a pas d'autres choix que de renouer des alliances avec les télécoms. Vincent Bolloré a regretté que son prédécesseur ait vendu SFR. Aujourd'hui, s'il peut racheter SFR, il le rachètera".