Jérôme Fenoglio regrette les convocations ont ont fait l'objet des journalistes du "Monde". 3:53
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Aurélie Dupuy , modifié à
Au micro de Philippe Vandel, le directeur du journal "Le Monde" est revenu sur les convocations d'Ariane Chemin et Louis Dreyfus par la DGSI. Et rappelle l'importance du secret des sources.
INTERVIEW

Pendant que les titres de presse papier continuent de plonger dans la crise avec une diffusion payée en France en recul de 4,1% sur un an, Le Monde a augmenté la sienne de 1,3%. Une performance, dont se félicite Jérôme Fenoglio, qui était l'invité du Grand journal de Philippe Vandel pour évoquer aussi le fait qu'Ariane Chemin ainsi que Louis Dreyfus, président du directoire du journal, aient été convoqués par la Direction générale des services intérieurs (DGSI) dans le vaste cadre de l'affaire Benalla. Des convocations qui font suite à celles de journalistes de Quotidien et de Disclose, cette fois concernant la vente d'armes françaises à l'Arabie saoudite. Face à ce que certains dénoncent comme une atteinte à la liberté de la presse, le directeur de la publication du Monde a donné son point de vue au micro d'Europe 1.

Entendu sur europe1 :
C'est inquiétant parce qu'objectivement, cette information méritait d'être portée dans le domaine public 

Le sentiment du directeur est net. "Ça m'inspire de l'inquiétude. A priori, on est quand même très prudent avec les informations qu'on publie. On sait ce qu'on fait. On n'a jamais été convoqué pour ce type d'incriminations", affirme-t-il, avant de préciser : "On n'a jamais été convoqué pour avoir divulgué ou pris le risque d'identifier une personne qui fait partie des opérations spéciales. C'est inquiétant parce qu'objectivement, cette information (notamment sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, ndlr) méritait d'être portée dans le domaine public. Il n'y avait aucune raison de se retrouver convoqué comme ça dans une enquête."

Jeudi, sur l'antenne d'Europe 1, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, affirmait quant à elle que les journalistes étaient "des justiciables comme les autres" et qu'une note sur le Yémen s'étant retrouvée dans la nature, il était selon elle "normal que l'État français s'interroge sur le fait qu'il puisse y avoir des fuites" auprès de journalistes dans ce cas particulier, tout en mettant en avant son inquiétude sur la possibilité de fuites "vers une puissance étrangère" à l'avenir.

"On ne peut pas être comparé à des puissances étrangères"

Jérôme Fenoglio s'est dit à son tour "surpris" par une telle argumentation. "Parce que le droit de l'information est important. La protection des militaires (l'est aussi), bien entendu, mais on ne peut absolument pas dire qu'on est des justiciables comme les autres sur ce point précis seulement. Bien sûr que dans notre vie de tous les jours, on est comme tous les autres. Mais sur le droit de publier des informations que l'on estime nécessaires, importantes à porter auprès du public, on ne peut pas être comparé à des puissances étrangères. Ce raisonnement ne tient pas une seconde. Il y a le secret des sources, il y a des législations particulières qui concernent notre métier et il faut aussi les respecter", conclut-il.