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Alexis Patri
Les magazines "Ça M'Intéresse Histoire" et "Causette" collaborent pour une série de podcasts et un hors-série commun intitulé "Corps Défendus". Invitée mardi de "Culture Médias", la directrice de la rédaction de "Causette" Isabelle Motrot présente cette co-production, qui interrogent les origines et la nature des injonctions faites aux corps des femmes, toujours très présentes aujourd'hui. 
INTERVIEW

Pas trop grosse, mais pas maigre non plus. Pas trop dénudée, mais pas trop couverte non plus. Sexuellement disponible, mais pas trop libérée non plus… Les attentes de la société envers les femmes tiennent encore de l'injonction et de la confrontation forcée à un modèle unique et inatteignable. Mais ces injonctions ont-elles toujours existé ? Ont-elles évolué ? Sont-elles moins fortes aujourd'hui ? C'est pour répondre à ces questions que les magazines Ça M'Intéresse Histoire et Causette unissent leurs forces. Isabelle Motrot, directrice de la rédaction de Causette est l'invitée mardi de Culture Médias.

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Les deux magazines publient ensemble Corps Défendus, un projet journalistique qui est à la fois un magazine hors-série commun aux deux rédactions, et une série de podcasts. Pour la directrice de la rédaction du magazine féminin et féministe, malgré l'impression générale de progrès, la situation reste problématique. 

"Des moments de répit pervers"

"On va dire, quand même, que ça avance de nos jours. On a enfin réussi à mettre le pied dans la porte du patriarcat", estime Isabelle Motrot sur Europe 1. "Mais il n'empêche que l'on a quand même encore du chemin à faire avant que les injonctions soient vraiment, vraiment terminées."

En travaillant sur les évolutions de ces injonctions faites aux corps des femmes, les deux magazines se sont rendus compte que si les contraintes changeaient, l'étau ne se desserrait pas forcément pour autant pour les femmes. "Il y a eu des moments de répit, mais qui sont souvent des moments de répit pervers, analyse la journaliste. C'est-à-dire que quand on vous autorise quelque chose, c'est souvent pour mieux en profiter."

"Il faut rester vigilantes"

Isabelle Motrot prend ainsi l'exemple des seins, que la société a imposé aux femmes, un temps, de cacher, un temps de montrer. De même pour les poils, qu'il fallait garder pour ne pas passer pour "une femme de mauvaise vie", et qu'il faut désormais retirer parce qu'ils sont considérés comme sales. Deux exemples que l'on retrouve dans les podcasts Corps Défendus. "Quoi qu'il en soit, c'était et ce sont toujours les hommes qui édictent les règles", résume-t-elle.

Le meilleur exemple de ces "répits pervers" est sans doute à chercher dans les années 1968-1970. "Avec le recul, on s'est rendu compte que cette fameuse libération des mœurs a profité beaucoup aux hommes et un peu moins aux femmes", observe Isabelle Motrot, tout en se réjouissant  des nombreuses avancées de l'époque, notamment concernant l'IVG et la contraception.

"Mais il ne faut pas oublier que pour une avancée, il y a eu pas mal de reculs. On en est quand même toujours, dans certains pays, à se battre pour l'IVG", rappelle-t-elle. C'est peut-être cette nécessite de ne pas baisser la garde que la directrice de la rédaction retient le plus du travail d'enquête des deux rédactions. "À chaque fois, même quand c'est accepté ou quand on croit que les choses ont avancé, il faut rester vigilantes, appuie-t-elle. Toujours."