"Souvent, on dit que les jeunes ne regardent plus la télévision, mais c'est surtout l'écran de télévision qui n'a plus le même poids dans leur vie". C'est partant de ce constat que France Télévisions a lancé, en 2018, la plateforme France.tv Slash. Le média vidéo du service public, à destination des jeunes adultes et exclusivement numérique, vient de fêter son deuxième anniversaire. Pour en parler, l'émission Culture Médias sur Europe 1 a reçu mardi le directeur de France.tv Slash, Antonio Grigolini. "On avait deux objectifs, annonce-t-il : renouer le lien quotidien avec les jeunes adultes et être utile en jouant notre rôle de service public". Pari réussi. Aujourd'hui la plateforme cumule près de 300 millions de vidéos vues et plus de 2,5 millions d’abonnements cumulés sur tous les réseaux.
Aller là où le public est
"On ne vit pratiquement que sur internet", résume Antonio Grigolini. En effet, France.tv Slash, ce sont des programmes mis en avant en priorité sur les plateformes sociales. Youtube dans un premier temps, puis sur les réseaux sociaux dont les jeunes sont les plus friands. Des vidéos ad hoc pour Instagram, Snapchat... "C'est là où notre public est".
Des vidéos pour lesquelles il a fallu penser une autre d'écriture répondant à l'utilisation verticale du téléphone portable. "Les valeurs de plan ne sont pas les mêmes", explique Antonio Grigolini. "C'est un format story très interactif sur lequel on peut avancer avec son pouce".
Cet objectif de lien avec les jeunes adultes, couplé avec l'utilité et le rôle de service public est notamment incarné, sur Snapchat, par le programme Sexy SouciS, présenté par Diane Saint-Réquier. Une pastille vidéo de quelques minutes dans laquelle cette dernière répond à des questions sur le sexe, le genre, mais aussi le rapport au corps. "Notre public maîtrise parfaitement ces codes et s'y retrouve".
Skam, le programme phare
Mais le succès de la plateforme tient aussi, et surtout, à quatre lettres. SKAM. Cette série, filmée et diffusée en temps réel est l'adaptation d'un concept norvégien. Elle suit le quotidien de lycéens avec les problématique modernes qui leur incombe. "Il y a un effet miroir. Aujourd'hui, les jeunes sont submergés de propositions de séries, mais très peu parlent de leur réalité." Homophobie, racisme, cyber-harcèlement... Chaque saison concentre son intrigue sur un personnage, et les spectateurs ont, en plus, la possibilité d'interagir. La saison 5 touche à sa fin, mais alors que la série totalise 110 millions de vues et 12 millions d'interactions, une saison 6 a d'ores et déjà été signée.
Des jeunes partout
Des programmes pour les jeunes, mais aussi par les jeunes. Bien qu'Antonio Grigolini évoque une vingtaine collaborateurs "jeunes, mais pas que", ce dernier estime tout de même la moyenne d'âge de l'équipe à 27 ans. Un atout lorsqu'il faut comprendre l'utilisation qu'ont les jeunes de leur Smartphone pour leur proposer un média sur-mesure. "On fait attention à la sincérité de nos propos", ajoute le directeur de France.tv Slash.
Quant au succès du média et de ses différences par rapport à d'autres plateformes de streaming vidéo, Antonio Grigolini répond simplement, en évoquant la gratuité de son service. "Notre but premier n'est pas de faire en sorte que les gens sortent leur carte bleue", dit-il. "c'est de les aider".