Les droits TV étaient initialement attribués à Mediapro, qui a négocié son retrait en décembre. 1:05
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Julien Froment avec AFP, édité par Antoine Terrel , modifié à
La Ligue de football professionnel attend lundi des offres de diffuseurs pour les droits TV de 80% des matches de Ligue 1 et de Ligue 2, pour réattribuer les matches abandonnés par Mediapro. L'attitude du groupe Canal + sera particulièrement scrutée. 
DÉCRYPTAGE

C'est tout le football français qui croise les doigts. Alors que le groupe Mediapro a négocié son retrait en décembre, la Ligue de football professionnel (LFP) attend, lundi à 12h, des offres de diffuseurs pour les droits TV de 80% des matches de Ligue 1 et de Ligue 2, via deux consultations de marché comportant chacune plusieurs lots. Ces consultations portent sur les droits TV initialement attribués à Mediapro, et correspondent aux matches restants de cette saison à compter du 5 février, ainsi qu'aux trois prochaines, jusqu'à la fin de la saison 2023-2024. Du côté de la Ligue, on espère l'arrivée d'un diffuseur solvable pour venir refermer la crise des droits TV, mais l'incertitude demeure, notamment autour de l'attitude de Canal+. 

"On ne s'attend pas à des miracles, mais entre les miracles et la catastrophe, il y a des marges". Cet acteur proche du dossier hésite entre fatalisme et pragmatisme au sujet des droits TV du foot français. Avec un contexte sanitaire et économique dégradé, peu de candidats sont attendus lundi matin au siège de la LFP. "Un miracle, ce serait qu’on atteigne les 800 millions d’euros", confie cette même source à Europe 1.

Canal Plus facteur X ?

Des acteurs historiques, comme BeIn Sport pourraient répondre favorablement à l'appel d'offres, tout comme Canal+, évincée en 2018. La chaine cryptée va désormais jouer un rôle capital. "Le facteur x de cette offre, c'est Canal+", analyse pour Europe 1 Christophe Lepetit, économiste du sport au CDES de Limoges. Mais quelle va être sa position? "Quand bien même Canal a attaqué cet appel d'offres (le lot trois, racheté à BeIn Sport 330 millions d'euros par Canal+, est jugé surévalué), le groupe viendra-t-il ou pas ? On n'est pas à l'abri non plus que si Canal venait à perdre, il aille au bout du contentieux", explique Christophe Lepetit. "On voit bien que la chaîne joue un jeu trouble, c'est du poker menteur." 

En tout cas, les principaux acteurs ne s’attendent pas à un coup de pouce de la part de la chaine cryptée. "On nous a rapporté que Vincent Bolloré veut vraiment mettre à mal le foot français", glisse à Europe 1 l’un d’entre eux, en référence aux propos du Breton rapportés par Le Monde.

Rentrées d’argent urgentes pour les clubs…et la Ligue

Et les questions sont nombreuses. Des nouveaux entrants vont-ils s'inviter ? Combien la Ligue va-t-elle récupérer ? La Ligue devrait communiquer rapidement, car il y a urgence. "Les clubs sont en manque criant de trésorerie", rappelle Christophe Lepetit. "Ils n’encaissent pas de recettes de jour de match depuis le début de la saison, et depuis les derniers paiements de Mediapro, ils n’ont quasiment pas encaissé de droit TV. Il y a donc un besoin urgent, sous peine de se retrouver en cessation de paiement."

La Ligue elle-même est dans l’urgence car elle a emprunté 112 millions d’euros en octobre dernier auprès de la banque JP Morgan pour compenser le défaut de paiement de Mediapro. Si au 5 février, Canal Plus ne paie pas sa traite - comme le président du directeur Maxime Saada l’a sous-entendu dans les colonnes du Figaro -, alors la LFP pourrait se retrouver dans l’incapacité de rembourser le prêt qu’elle a contracté.

Quid de la diffusion d’OM-PSG ?

Dans un monde parfait, la LFP espère annoncer en tout début de semaine les acquéreurs des droits. En attendant, la chaine Telefoot, qui était censée s'arrêter dimanche soir après la diffusion du match Nantes-Monaco, faute de solution, diffusera mercredi la 23e journée. Mais on ne sait toujours pas par qui sera retransmis la 24e journée de Ligue 1, et le choc entre l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain. "C’est le flou absolu", s’agace un dirigeant. "Vivement que d’autres acteurs arrivent et qu’on arrête de diffuser le foot gratuitement", conclut-il, amer.

Dépôt des candidatures, mode d’emploi

Les candidats à l’achat des lots mis en vente par la LFP pourront déposer leurs dossiers entre 10 et 12 heures au siège de l’instance. Ensuite, c’est le président de la Ligue Vincent Labrune et un comité de pilotage de la Ligue, composé de Jacques-Henri Eyraud (OM), Jean-Pierre Caillot (Reims), Jean-Michel Aulas (OL), Christian Leca (AC Ajaccio) et Philippe Piat (UNFP), qui étudieront les offres entre 12 et 18 heures avant de donner leurs recommandations. Les heureux élus pourraient être connus le soir même ou dans les prochains jours.