Christophe Deloire 1:53
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Céline Brégand
Reporters sans frontières publie son 63ème album pour la liberté de la presse. Une nouvelle formule accompagnée d'une campagne dans les kiosques. L'occasion pour Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF, de mettre en garde contre le black out de la presse en Chine et la propagande de Pékin sur le coronavirus, sur Europe 1 mercredi. 
INTERVIEW

Le 63ème album de Reporters sans frontières pour la liberté de la presse rend hommage au photographe Philippe Halsman, connu pour ses portraits de stars qu'il faisait sauter. Un nouvel album et une nouvelle formule, avec des contenus enrichis et des témoignages forts. Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire profite de son passage dans "Culture Médias", mercredi, pour rappeler que nous devons nous méfier des déclarations des autorités chinoises sur l'épidémie de coronavirus. Car en Chine, contrairement à la France, les journalistes ne sont pas libres.

"En Chine, le blogueur qui avait fait le plus de révélations sur le coronavirus a disparu"

Le numéro 63 de RSF s'accompagne d'une campagne "Ici on défend la liberté de la presse" dans les kiosques pour montrer que "les marchands de journaux sont des éléments essentiels de cette chaîne de la liberté de la presse", souligne Christophe Deloire. "Dans les pays où les marchands de journaux sélectionnent l'information, comme en Chine, la liberté du journaliste n'a plus de sens", prévient-il.  

Non seulement l'information est contrôlée en Chine, mais elle est aussi muselée lorsque elle est estimée menaçante pour les intérêts du gouvernement. "En Chine, le blogueur qui avait fait le plus de révélations sur le coronavirus a disparu. Des blogueurs ont disparu, simplement, sans laisser de nouvelles... Manifestement, ils ont été incarcérés", raconte le journaliste. 

"En France, on a des journalistes qui peuvent enquêter librement"

Pour lui, on ne peut pas faire confiance aux déclarations des autorités chinoises, comme lorsqu'elles déclarent que l'épidémie décline en Chine. "Est-ce qu'on peut croire à un régime despotique quand il fait sa propagande ?", fait-il remarquer. Christophe Deloire ajoute que si, au début, la presse chinoise a pu parler un peu de l'épidémie, "d'un seul coup, ça s'est refermé". "Quand il y a un black out, quand on est condamné à écouter la propagande de Pékin, on a des raisons de se méfier", estime-t-il.

Cette méfiance face aux informations des autorités chinoises s'avère saine. Celle face aux informations données par la presse française ne l'est pas. "En France, et quel que soit le scepticisme par rapport aux journalistes, on a des journalistes qui peuvent enquêter librement sur ces questions-là", appuie Christophe Deloire. Ce qui constitue "une différence majeure" à rappeler "à ceux qui pensent qu'on n'est pas du tout une démocratie et qui critiquent les médias ou parfois professent de la haine à leur égard". 

RSF oeuvre depuis 1985 pour la liberté de la presse. Et la vente de ses albums de photographie (9,90 euros le numéro) sert à financer ses actions à travers le monde.