Banalisation du viol conjugal : le CSA saisi après un débat dans "Touche pas à mon poste"

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Europe1.fr , modifié à
Choqués par les propos tenus dans l'émission "Touche pas à mon poste" jeudi soir sur le viol conjugal, des centaines de téléspectateurs ont saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel.

"Un mec qui viole sa copine pendant qu'elle dort ce n'est PAS mignon, ni de la 'complicité', c'est traumatisant." "Vos propos étaient à vomir. Grâce à vous, le viol conjugal a encore de beaux jours devant lui." Jeudi soir, l'émission Touche pas à mon poste a - une fois n'est pas coutume - suscité la polémique. Et des centaines de plaintes ont été déposées auprès du CSA, le gendarme de l'audiovisuel.

Le tweet polémique de Lovin'Fun. Cette fois, les chroniqueurs de l'émission animée par Cyril Hanouna ont donc débattu du viol conjugal, suite à la publication d'un tweet sur le compte de Lovin'Fun, la libre antenne de Fun Radio, mercredi soir. "Charlotte ne supporte pas que son mec lui fasse l'amour la nuit quand elle dort. Vous trouvez cela normal ? On en parle ce soir à 22h", pouvait-on lire sur cette publication. Les internautes étaient invités à donner leur avis sur la question en participant à un sondage. La formulation de la question a suscité l'indignation, et la radio s'est excusée, évoquant une maladresse.

Un acte "tout à fait mignon". Jeudi soir, sur le plateau de TPMP, les chroniqueurs se sont donc exprimés sur cette polémique… et leurs réactions ont fait bondir téléspectateurs et internautes. L'écrivaine et réalisatrice Géraldine Maillet a notamment déclaré qu'employer le mot viol dans la situation de Charlotte n'avait "aucun sens". Pire, cela était même "dangereux pour tout le monde." L'ancienne Miss France Delphine Wespiser a livré la même analyse : "Avec Charlotte, on ne parle pas de son voisin, on parle de son petit copain, avec qui elle est et qu'elle est censée aimer. Des choses qui se font quand l'une ou l'autre personne dort, c'est tout à fait mignon, tout à fait sympa." Même chose pour Matthieu Delormeau. "Employer le mot viol pour ça, c'est une honte pour les gens qui sont violés", a-t-il carrément dénoncé. "Il y a des gens qui sont vraiment violés", a-t-il insisté, visiblement outré.

700 plaintes au CSA. En face, Gilles Verdez et Nabilla semblaient bien seuls à défendre un point de vue différent. "Je ne suis absolument pas choqué par la polémique (concernant Fun Radio, ndlr) Ces gens là sont des criminels, ils ne doivent plus faire de radio. C'est l'apologie du viol conjugal. Le viol conjugal a mis très longtemps à être reconnu, on ne peut pas faire ça", a fustigé Gilles Verdez. Le chroniqueur a même demandé le licenciement de ses collègues pour avoir tenu en direct de tels propos, banalisant le viol conjugal. Selon les informations d'Europe 1 samedi, environ 700 plaintes ont été envoyées au CSA à la suite des interventions de plusieurs chroniqueurs.

Des excuses a posteriori. Fustigés sur les réseaux sociaux, les trois chroniqueurs les plus virulents sur la question - Matthieu Delormeau, Delphine Wespiser et Géraldine Maillet - ont tous présenté publiquement leurs excuses, tout en assurant avoir été mal compris. "Désolée si mes propos ont été mal perçus. J’évoquais simplement la complicité que génère l’amour dans un couple uni. Hors de question de banaliser le viol conjugal ! C’est un crime pour tout ceux qui le subissent !", a tweeté l'ancienne Miss France. "Les amis désolé si mes propos ont été mal compris hier dans TPMP. Je ne banalise évidemment pas le viol conjugal qui est une réalité et doit être puni sévèrement ! Toutes mes excuses si mes propos ont heurtés certains", a pour sa part déclaré Matthieu Delormeau.

Comment définit-on un viol ?

Le viol est défini par le Code pénal (article 222-23) comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. C'est un crime passible de la cour d'assises. 

La peine encourue par l'auteur d'un viol est de 15 ans de prison. Cette durée est portée à 20 ans dans certaines circonstances, notamment lorsqu'il est commis sur un mineur de quinze ans ou par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un PACS.