Présidentielle : l'audiovisuel scruté à la loupe

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Fabienne Cosnay , modifié à
ZOOM - Radios et télés sont sous surveillance du CSA. Qu'ont-elles le droit de faire ?

Depuis le 1er janvier, les télés et les radios doivent veiller à la fois au temps de parole des candidats à la présidentielle et au temps d’antenne qui leur est consacré. Les 22 avril et 6 mai prochains, elles devront aussi respecter certaines règles. Europe1.fr fait le point.
 

PENDANT LA CAMPAGNE

Qu’entend-t-on par "temps de parole" ? C’est l’ensemble du temps consacré à un candidat et à ses soutiens. C'est-à-dire son temps de parole, mais aussi, les éditoriaux, commentaires politiques, analyses et présentations de sondages d’opinion, comptabilisés dès lors qu’ils ne concernent qu’un candidat et qu’ils lui sont "manifestement favorables". Jusqu’au 9 avril, ce temps de parole doit être équitable. Après cette date, il devra être égal pour chacun.

Le"temps d’antenne", c'est quoi ? C’est l’information au sens large sur un candidat. Cela comprend son temps de parole mais aussi tout type de sujet que les journalistes peuvent faire sur lui.

Qui est concerné ? Le respect du temps de parole et du temps d’antenne vaut pour la plupart les médias audiovisuels TF1, France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-mer 1re, France Ô, Canal+ pour ses programmes en clair, M6, BFM TV, i-Télé, LCI, Direct 8, NT1, TMC, Radio France, RTL, Europe 1, RMC, BFM Business, Radio Classique et Sud Radio. Les chaînes parlementaires Public Sénat et LCP Assemblée nationale ne sont pas soumises à ces règles.

La règle est-elle la même durant toute la campagne ? Non. Le CSA distingue trois périodes. Depuis le 1er janvier, et jusqu’à ce que la liste officielle des candidats soit publiée par le conseil constitutionnel, le 20 mars, les candidats déclarés ou présumés doivent bénéficier d’un "accès équitable" dans les médias audiovisuels. Entre le 20 mars et le 9 avril, début de la campagne officielle, et entre les deux tours, du 23 avril au 4 mai 2012, les médias devront respecter une "égalité de temps de parole" et une "équité de temps d’antenne". A partir du 9 avril, tous les candidats à la présidentielle seront traités dans une parfaite "égalité", à la fois des temps de parole et des temps d’antenne et dans le même type d’émission.

FICHIER CSA

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L’équité, ça veut dire quoi exactement ? Les médias audiovisuels doivent veiller au traitement équitable des candidats en fonction de trois paramètres : leurs résultats ou ceux de leurs partis à de précédentes élections, leurs scores dans les sondages et leur "capacité à faire campagne", en clair, le fait d’organiser des débats, des réunions publiques, etc.

Comment sont effectués les contrôles ? Chacun des propos des candidats diffusés à la télévision ou à la radio est examiné 24h sur 24h par une équipe du CSA, composé de 17 observateurs. Dans le même temps, les chaînes et radios sont tenus de relever le temps de parole et d’antenne qui a été réservé à chacun lors des trois périodes de la campagne (Voir plus haut) et de les transmettre au conseil. Ils sont ensuite mis en ligne sur www.csa.fr

Que se passe t-il en cas de non-respect ? Dans un premier temps, le CSA envoie une recommandation aux télés ou aux radios pour les mettre en garde. Si, lors d’un contrôle, de nouveaux déséquilibres sont constatés, les médias audiovisuels risquent un rappel à l’ordre du Conseil, une mise en demeure et, en dernier recours, une sanction pouvant aller jusqu’au retrait de l’autorisation d’émettre.
 
Quid du temps de parole de Nicolas Sarkozy ? Le CSA a réglé cette épineuse question dans une recommandation du 30 novembre 2011. Depuis le 1er janvier, le président est considéré comme un "candidat présumé" à la présidentielle. Toutes ses interventions à la télé ou à la radio sont donc décortiquées pour distinguer ce qui relève de sa fonction - qui n’est pas décompté - et ce qui ne l’est pas. Un exercice particulièrement délicat.

LE JOUR J

Que dit la loi ? La loi du 19 juillet 1977 interdit la veille et le jour du scrutin la publication, la diffusion et le commentaire de tout sondage électoral. Le code électoral prohibe, lui, toute communication de résultats électoraux partiels ou définitifs avant la fermeture du dernier bureau de vote, ainsi que tout élément faisant état d'estimations ou de tendances.
 
Que pourront faire les journalistes en direct des QG ? Ils pourront couvrir l’évènement en direct mais avant l’annonce officielle des résultats, ils devront faire attention au décor ou au fond sonore… "Il ne faut pas qu’il y ait d’indices sur les résultats du scrutin avant 20 heures", rappelle Christine Kelly, conseillère en charge du dossier au CSA. Pas question, donc, de voir ou d’entendre des militants qui font la fête, laissant présumer le bon score d’un candidat.