Auditeurs et politiques au chevet de "Sky"

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Ils protestent contre l'éviction du président de la radio Skyrock, Pierre Bellanger, par son actionnaire.

"Skyrock, radio libre... en danger de mort", "A tout moment, Skyrock peut disparaître". Depuis mercredi, les auditeurs de la station de la rue Greneta entendent des jingles un peu spéciaux à l'antenne. Ceux-ci dénoncent la mise à pied du président-fondateur de Skyrock, Pierre Bellanger, par le fonds Axa Private Equity, actionnaire majoritaire de la radio. Animateurs, auditeurs et même politiques se mobilisent pour sauver la tête de la figure historique de la station.

Retour en arrière. Mardi soir, le conseil d'administration du groupe qui contrôle Skyrock débarque Pierre Bellanger de sa fonction de directeur général et nomme Marc Laufer, un ancien du groupe NextRadio TV, à sa place. Mercredi, en fin d'après-midi on apprend que l'actionnaire de Skyrock à 70%, Axa Private Equity (Pierre Bellanger, qui a fondé Skyrock en 1986, détient les 30% restants), a confié plusieurs mandats à des banques d'affaires en décembre dernier, dont l'un pour vendre la radio.

Les auditeurs à la rescousse de leur radio

Tollé immédiat dans l'équipe et parmi les auditeurs. Pierre Bellanger refuse de sortir de son bureau et à l'entrée de la radio, un service de sécurité empêche Marc Laufer d'entrer. Difool, animateur historique de la station et directeur général de l'antenne, prend la tête de la contestation. Il appelle les fans à se mobiliser et envoyer des messages au gouvernement. En quelques heures seulement une page de soutien est créée sur Facebook : elle regroupait jeudi soir plus de 402.000 fans. Sur le site de micro-blogging Twitter, les mots clés "Skyrock" et "Pierre Bellanger" sont parmi les 10 plus populaires. Il faut dire que la station entretient une relation très spéciale avec ses auditeurs, qui sont comme "propriétaires de l'antenne".

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Dans la classe politique, les réactions ne tardent pas à arriver. Le PS publie mercredi en fin de journée un communiqué de soutien à la station dans lequel il "exprime sa préoccupation, son attachement à l'identité et à l'offre artistique de Skyrock, et sa solidarité à l'égard des amateurs et des créateurs de rap et de r'n'b qui manifestent aujourd'hui leur inquiétude".

Les politiques sur le pont

Les figures du parti n'hésitent pas à intervenir à l'antenne. François Hollande est le premier à prendre la parole dès mercredu soir. Il y déclare "qu'une radio n'appartient pas simplement à ses actionnaires, mais à ses auditeurs", et que la liberté de Skyrock "ne peut être menacée".

Jack Lang prêt à manifester

Militant des radios libres et ami de Pierre Bellanger, l'ancien ministre de la Culture Jack Lang aussi apporte aussi son soutien à la radio jeudi matin. Craignant que Skyrock ne soit "muselée et banalisée", il se dit prêt à descendre dans la rue pour la défendre.

A droite, les soutiens se font plus rares. Rama Yade était attendue jeudi en fin d'après-midi quelques minutes après l'intervention de Benjamin Lancar, le président des jeunes Pop. A l'antenne, il dit s'exprimer "en tant que président des jeunes de l'UMP et pas au nom de l'UMP". Refusant "toute ingérence politique dans une affaire privée", il s'est contenté de souligner "la spécificité de Skyrock". Visiblement peu à l'aise, Benjamin Lancar a reconnu auprès d'europe1.fr ne pas être très familier de la station. "Beaucoup de jeunes de l'UMP m'avaient dit d'y aller. Skyrock m'a invité, donc j'y suis allé. Je ne sais pas si je l'aurais fait autrement", a-t-il admis.

Un "cost-killer" qui ne veut rien changer

Le nouveau directeur de la station se défend pourtant de vouloir tout bouleverser. Vu comme un "cost-killer" chargé de licencier une partie des effectifs, Marc Laufer promet de ne rien changer. "Skyrock est une belle radio. Je veux conserver [son] format actuel. (...) Je viens travailler avec les équipes en place et il n'y a aucune suppression de poste envisagée", assure-t-il dans une interview accordée au Figaro. Il a également posté une vidéo sur Internet pour expliquer sa vision aux auditeurs internautes.

Bellanger veut 100% de Skyrock et ne bouge pas

Pendant ce temps, le principal intéressé, Pierre Bellanger, tenait une conférence de presse dans son bureau, qui est désormais aussi "sa chambre". "Mon canapé me sert de lit depuis deux jours", confiait-il aux journalistes présents. Le père de la station a annoncé son intention de se porter acquéreur de l'ensemble du groupe Skyrock : "mon objectif est de constituer un pôle majoritaire accompagné d'acteurs soucieux de respecter le format Skyrock", a-t-il dit.

Pour tenter de sortir de la crise, Axa PE a proposé vendredi la nomination d'un médiateur pour trouver une solution avec Pierre Bellanger "qui préserve tout à la fois les intérêts de l'entreprise, de ses salariés, de ses auditeurs, de ses internautes et de ses actionnaires", précise Axa dans un communiqué.

"Une initiative populaire massive".

En attendant, Pierre Bellanger n'a toujours pas l'intention de quitter son bureau. Il a annoncé vendredi après-midi préparer avec les millions d'auditeurs de la station "une initiative populaire massive".