103 journalistes afghans appellent à l’aide avec Reporters Sans Frontières

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Louise Bernard avec Alexis Patri , modifié à
Plus d'une centaine de journalistes afghans lancent un appel à la communauté internationale, par l'intermédiaire de Reporters Sans Frontières, pour obtenir un soutien face à la répression des talibans. La censure, les intimidations, les arrestations et même la torture se sont intensifiées ces derniers jours.
INTERVIEW

"Aidez-nous à faire survivre le journalisme afghan". Ils sont 103 journalistes afghans à lancer cet appel par l'intermédiaire de Reporters Sans Frontières. Tous restent anonymes, par peur des représailles. Sur le terrain, la répression s'est accentuée ces dix derniers jours, notamment lorsqu'ils couvrent les manifestations anti-talibans. Une répression qui passe par la censure, les intimidations, les arrestations et même la torture. Quant aux femmes journalistes, elles sont tout simplement en train de disparaître.

"De 700 au départ à Kaboul, elles ne seraient plus que 70 ou 80, en tous cas moins d'une centaine, à pouvoir aujourd'hui exercer dans la capitale afghane", estime Pauline Adès-Mével, porte-parole de Reporters Sans Frontières. "Cela s'explique par la répression des talibans : ils se rendent dans les rédactions et demandent que les voix féminines disparaissent de l'antenne. On intime aux femmes journalistes de rester à la maison. Elles se cachent. Et il y a une auto-censure qui s'exerce évidemment dans ce contexte."

"Les reporters étrangers rentrent chez eux et les journalistes afghans ont besoin d'informer"

"Beaucoup de présentatrices connues incarnaient la condition des femmes afghanes. Il est très important qu'elles demeurent présentes", poursuit-elle. "Elles représentent la moitié de la population afghane." Certains journalistes sont en exil, d'autres vivent en clandestinité. Tous demandent des garanties de protection et des moyens pour maintenir ou rouvrir des médias afghans. Ils ne veulent pas voir le journalisme s'éteindre comme entre 1996 et 2001. Car le rôle des journalistes afghans est essentiel.

"Ce sont eux qui sont sur le terrain, ce sont eux qui peuvent raconter ce qu'il se passe", rappelle Pauline Adès-Mével. "Bien sûr, il y a des reporters étrangers. Mais ils rentrent chez eux. Les journalistes afghans ont besoin d'informer et de dire ce qu'ils vivent depuis l'arrivée des talibans, et particulièrement de la formation d'un gouvernement. Et ils ont besoin d'être protégés pour pouvoir travailler. C'est pour cela qu'ils lancent cet appel : ils ont besoin d'un soutien puissant de la communauté internationale et qu'on se mobilise avec eux pour la survie du journalisme afghan."

L'Afghanistan n'était déjà que 122e pays sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse dressé par Reporters Sans Frontières. Et il avait été publié en avril dernier, avant le retour des talibans au pouvoir.