Trois migrants étaient en passe d'être évacués jeudi vers Bastia pour raisons médicales depuis l'Ocean Viking. 1:52
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avec AFP , modifié à
Trois migrants étaient en passe d'être évacués jeudi vers Bastia pour raisons médicales depuis l'Ocean Viking où 231 migrants sont toujours bloqués en Méditerranée, faute d'attribution d'un port pour débarquer, sur fond de tensions diplomatiques entre les Européens et l'Italie.

Le gouvernement français a donné son feu vert jeudi pour l'évacuation sanitaire de trois des 234 migrants à bord de l'Ocean Viking, toujours bloqué en Méditerranée faute d'attribution d'un port pour débarquer, sur fond de tensions diplomatiques entre les Européens et l'Italie. "Le secrétariat général de la mer, sur instruction de la Première Ministre, met en œuvre une opération d'évacuation sanitaire en mer de quatre migrants actuellement à bord de l'Ocean Viking", a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

Trois personnes "dans un état de santé grave"

Selon l'ONG SOS Méditerranée, qui affrète le bateau humanitaire, il s'agit de trois migrants et d'un accompagnateur. Ils sont "dans un état de santé grave et ont besoin d'une prise en charge hospitalière". "L'un des patients est instable et ne réagit pas aux soins prodigués à bord depuis le 27 octobre. Les deux autres ont subi des blessures en Libye qui, en raison du long délai de traitement, risquent maintenant d'avoir des conséquences négatives à long terme", a détaillé une porte-parole de SOS Méditerranée auprès de l'AFP.

L'Ocean Viking a secouru ces migrants, pour certains il y a presque trois semaines, entre la Libye et l'Italie, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Europe sur des embarcations de fortune. C'est maintenant la préfecture maritime de la Méditerranée qui va se charger de ce secours dont les détails n'ont pas encore été dévoilés. Contactée par l'AFP, la préfecture maritime n'a pas souhaité communiquer. Pour autant cette évacuation ne résout pas le problème de ce navire, dernier des quatre bateaux humanitaires qui avaient recueilli au total un millier de migrants et bloqués en mer par l'Italie durant des jours.

Face à ce blocage, SOS Méditerranée s'était tourné vers la France. L'ONG, dont le siège est à Marseille, a indiqué jeudi matin qu'elle n'avait "toujours pas reçu d'instruction désignant un port en France pour le débarquement des rescapés" secourus sur la route migratoire la plus dangereuse au monde.

L'Ocean Viking est désormais au large des côtes orientales de la Corse

Mercredi, la tension était montée d'un cran entre la France et l'Italie autour de l'Ocean Viking, Paris dénonçant le refus "inacceptable" de Rome de le laisser accoster, comme le prévoit le droit maritime international, et Bruxelles appelant au débarquement immédiat de tous les migrants. La Commission européenne avait estimé mercredi que "la situation à bord du navire a atteint un niveau critique et doit être résolue de toute urgence pour éviter une tragédie humanitaire".

Trois autres bateaux d'ONG ont eux réussi à débarquer les migrants secourus. A quai à Catane depuis dimanche, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) et Humanity 1 de l'ONG allemande du même nom ont finalement pu débarquer la totalité de leurs passagers mardi soir, après un premier refus des autorités italiennes d'accepter toutes ces personnes. Au départ les autorités italiennes n'avaient accepté que les femmes, enfants et personnes malades, un tri décrit par Rome comme un moyen de pression sur l'UE pour qu'elle aide davantage l'Italie. Le Rise Above a lui débarqué la totalité de ses 89 rescapés en Calabre, mardi.

Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu'une douzaine d'Etats membres, dont la France et l'Allemagne, accueillent de manière volontaire 8.000 migrants arrivés dans des pays comme l'Italie, proche des côtes libyennes.

Cependant seuls 164 migrants ont été relocalisés en 2022 d'Italie vers d'autres Etats membres, dont 117 en vertu du mécanisme adopté en juin. Un nombre insuffisant juge l'Italie qui affirme que quelque 88.100 migrants sont arrivés sur ses côtes depuis le 1er janvier, dont seulement 14% via des navires humanitaires.