Une «démonstration de force» : pourquoi Donald Trump assistera au Super Bowl dimanche
Donald Trump va devenir dimanche soir le premier président américain en fonction à assister au Super Bowl. Une manière pour lui de flatter son électorat conservateur et amateur de football américain, mais aussi de prendre sa revanche sur la ligue avec qui les relations ont souvent été très tendues.
Donald Trump est un grand amateur de sport. Pratiquant assidu de golf, passionné de MMA, le milliardaire new-yorkais apprécie également le football américain. Ce dimanche, il deviendra le premier président américain en fonction à assister au Super Bowl, la finale du championnat de NFL qui opposera les Chiefs de Kansas City aux Eagles de Philadelphie au Caesars Superdome de La Nouvelle-Orléans. Regardé par plus de 100 millions de téléspectateurs outre-Atlantique, le Super Bowl représente une opportunité majeure, pour Donald Trump, de s'afficher aux yeux des Américains.
L'affaire Kaepernick
Mais aussi de régler quelques comptes avec la ligue nord-américaine de football. "Il faut se rappeler que son premier mandat a commencé par une guerre entre lui et la NFL", rappelle Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Paris II et spécialiste des États-Unis. En 2016, alors que la campagne présidentielle bat son plein, un geste va déclencher l'ire du candidat Trump. Pour protester contre les violences policières à l'encontre des Afro-américains, Colin Kaepernick, quaterback des 49ers de San Francisco, pose un genou à terre pendant l'hymne américain. Le joueur avait avoué ne plus vouloir "afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs et les gens de couleur".
En réaction, Donald Trump avait fait preuve d'une rare virulence, traitant notamment Kaepernick de "fils de p*te" et appelant à sa radiation pure et simple de la ligue. Devant la rage du futur président américain, la NFL avait fait front et massivement soutenu le joueur de San Francisco. Traditionnellement conviée à la Maison-Blanche à la fin de la saison, l'équipe vainqueur du championnat avait boycotté l'invitation en 2017, à l'instar des champions NBA de 2017 à 2020. "Donald Trump était humilié à ce moment-là", souligne Jean-Éric Branaa.
Sa présence au Superbowl dimanche apparaît donc comme une revanche personnelle du 47e président des États-Unis, bien décidé à opérer une nouvelle "démonstration de force". Qui plus est devant la chanteuse Taylor Swift et le rappeur Kendrick Lamar, deux farouches opposants à Donald Trump, qui doivent se produire à la mi-temps de la rencontre.
Trump en terrain conquis ?
Néanmoins, dans l'univers du football américain, Donald Trump n'est pas totalement en terrain hostile. "Les spectateurs de la NFL, c'est aussi son électorat", rappelle Jean-Éric Branaa. "Il va se rappeler à son électorat conservateur et veut montrer qu'il est proche des Américains patriotes qui aiment le football". Selon l'expert, le président américain devrait même recevoir un accueil plutôt favorable de la part des 83.000 spectateurs du Caesars Superdome. "Attendez-vous à des 'USA ! USA !' plutôt qu'à des huées".
Du côté des joueurs, la présence de Donald Trump est même "un grand honneur" pour Travis Kelce, joueur des Chiefs, pourtant compagnon de... Taylor Swift. "C'est toujours cool de pouvoir jouer devant un président en exercice, quelqu'un qui est au sommet de notre pays (...) C'est cool d'entendre qu'il m'a vu jouer au football et qu'il respecte le jeu que je pratique", abonde son coéquipier Patrick Mahomes, star de l'équipe et dont l'épouse, Brittany, est une fervente supportrice du président républicain.
Sa présence au Superbowl est aussi une manière d'envoyer un message à ses adversaires politiques. "Le Superbowl est un évènement populaire et il voudra montrer que ces élites démocrates méprisent le peuple en n'assistant pas au Superbowl. Ça s'inscrit dans sa rhétorique anti-establishment". Faire du sport une arme politique pourrait bien constituer une stratégie de choix pour Donald Trump lors de ce second mandat au cours duquel les États-Unis accueilleront successivement la Coupe du monde de football en 2026 et les Jeux olympiques à Los Angeles en 2028.