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avec AFP , modifié à
Le président russe Vladimir Poutine a accusé mardi les États-Unis de faire traîner le conflit en Ukraine, lancé par une offensive militaire de Moscou il y a presque six mois, tandis que le premier navire humanitaire affrété par l'ONU quittait l'Ukraine chargé de céréales pour se rendre en Afrique. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation, au 174e jour de l'invasion russe.
L'ESSENTIEL

Vladimir Poutine accuse les États-Unis de faire traîner le conflit en Ukraine, au 174e jour de l'invasion russe. Au même moment, un incendie a provoqué une nouvelle explosion de munitions en Crimée. Parallèlement, un navire humanitaire de l'ONU transportant des céréales vers l'Afrique a quitté le pays mardi : une première depuis l'accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes bloquées par le conflit, signé en juillet par Kiev et Moscou, via une médiation de la Turquie et sous l'égide des Nations unies.

Les informations à retenir :

- Poutine reproche aux États-Unis de "déstabiliser" le monde

- Des incendies dans des bases militaires russes en Crimée

- La Finlande va limiter les visas pour les touristes russes

- Macron appelle au retrait des forces russes de la centrale de Zaporijjia

L'opérateur nucléaire ukrainien dénonce une cyberattaque russe "sans précédent" contre son site

L'opérateur public ukrainien des centrales nucléaires Energoatom a dénoncé mardi dans un communiqué une cyberattaque russe "sans précédent" contre son site, en précisant que son fonctionnement n'avait pas été perturbé. "Le 16 août 2022, la cyberattaque la plus puissante depuis le début de l'invasion russe a eu lieu contre le site officiel d'Energoatom", a déclaré l'opérateur sur Telegram. Le site "a été attaqué depuis le territoire russe", a-t-il ajouté.

Rencontre entre Guterres, Zelensky et Erdogan jeudi en Ukraine

Pour discuter notamment de la mise en oeuvre de l'accord permettant ces exportations de céréales ukrainiennes, signé en juillet par Kiev et Moscou sous l'égide des Nations unies et via une médiation de la Turquie, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se rendra jeudi en Ukraine, où il rencontrera les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan, a annoncé mardi son porte-parole.

Le président Zelensky reste très actif sur le front diplomatique, rapportant sur les réseaux sociaux des entretiens avec des représentants du groupe des "Sages" ("The Elders"), dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ou avec le président zambien Hakainde Hichilema, son homologue français Emmanuel Macron et la Première ministre danoise Mette Frederiksen.

Poutine estime que les États-Unis cherchent à "déstabiliser" le monde

La guerre, qui a débuté le 24 février, a entraîné de la part des pays occidentaux de très lourdes sanctions à l'encontre de la Russie et une aide financière et militaire historique pour l'Ukraine, provoquant des tensions sans précédent, en particulier entre Washington et Moscou. Vladimir Poutine a reproché aux États-Unis de chercher à "déstabiliser" le monde, invoquant aussi la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.

"La situation en Ukraine montre que les États-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d'un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine", a déclaré Vladimir Poutine à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou. Il a dénoncé une "démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales".

Une nouvelle explosion de munitions en Crimée

Cette accusation survient au moment où des bases militaires russes dans la péninsule de Crimée annexée par la Russie en 2014, qui sert de base arrière logistique aux forces russes, sont frappées par des incendies. Mardi, un incendie vers 3h15 GMT a provoqué une explosion de munitions dans une base du district de Djankoï (nord), selon le ministère russe de la Défense. Deux civils ont été blessés et l'évacuation des habitants d'un village voisin a été organisée, selon le gouverneur de la Crimée, Sergueï Aksionov. L'explosion est due à un "acte de sabotage", a affirmé l'armée russe dans un communiqué, sans désigner de responsables.

"Un nombre d'infrastructures civiles, parmi lesquelles une ligne de haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire, ainsi que plusieurs maisons ont également été endommagés", a-t-elle détaillé. Réagissant à ces explosions, Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a salué sur Telegram une "opération 'démilitarisation' façon travail d'orfèvre par les forces armées ukrainiennes", qui continuera selon lui "jusqu'à la libération complète des territoires ukrainiens".

La Crimée joue un rôle-clé dans la stratégie russe. L'offensive sur le sud de l'Ukraine, qui a permis à Moscou de capturer de larges pans de territoire aux premières semaines de la guerre, est partie de là. Des avions russes décollent aussi quasi quotidiennement de Crimée pour frapper des cibles dans des régions sous le contrôle de Kiev ; plusieurs zones de cette presqu'île sont situées dans le rayon d'action des canons et des drones ukrainiens.

La Finlande limite le nombre de visas pour les Russes

Malgré le conflit, la Crimée est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l'été sur ses plages. À partir du 1er septembre, les touristes russes auront en revanche moins facilement accès au territoire de leur voisin finlandais : Helsinki a annoncé une réduction drastique des visas qui leur seront accordés, à 10% du volume actuel.

Le ministre de la Défense russe veut rassurer sur Zaporijjia

La centrale nucléaire de Zaporijjia, sous contrôle russe dans le sud de l'Ukraine, reste aussi depuis des jours source de tensions majeures : plusieurs frappes dont s'accusent mutuellement Moscou et Kiev ont visé l'installation, la plus grande d'Europe. Si la crainte d'une catastrophe nucléaire a été brandie jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a tenté de rassurer mardi sur les intentions russes dans le domaine du nucléaire.

"L'objectif principal des armes nucléaires russes est la dissuasion d'une attaque nucléaire", a-t-il affirmé.

Nouvel entretien téléphonique entre Macron et Zelensky

Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi au retrait des forces russes de la centrale, prise début mars par les troupes russes, en soulignant les "risques" que leur présence fait peser sur la sécurité du site. Lors d'un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, il a souligné "sa préoccupation quant à la menace que font peser la présence, les actions des forces armées russes et le contexte de guerre avec les conflits en cours sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes, et a appelé au retrait de ces forces", a indiqué le palais présidentiel de l'Élysée à Paris.

Un navire transportant 23.000 tonnes de céréales part pour l'Éthiopie

Selon le ministère ukrainien de l'Infrastructure, le premier navire de l'ONU chargé de céréales est parti mardi du port de Pivdenny, dans le sud de l'Ukraine, avec à son bord quelque 23.000 tonnes de céréales pour l'Ethiopie. Le conflit a bloqué pendant des mois de l'exportation de céréales ukrainiennes, aggravant l'insécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont aujourd'hui confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire. Depuis l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes du 22 juillet, plus d'une quinzaine de bateaux ont quitté l'Ukraine, selon le décompte de Kiev, mais aucune cargaison humanitaire de l'ONU n'avait encore pris la mer.