Guerre en Ukraine : Poutine ordonne à son armée de «libérer complètement» la région russe de Koursk après ses avancées rapides
L'Ukraine a montré être prête à une trêve lors de négociations avec les Américains mardi et c'est désormais à la Russie de répondre, a déclaré mercredi le président Volodymyr Zelensky. En parallèle, Donald Trump annonce que des négociateurs se rendent "dès maintenant" en Russie. Suivez notre direct.
L'Ukraine a montré être prête à une trêve lors de négociations avec les Américains mardi et c'est désormais à la Russie de répondre, a déclaré mercredi le président Volodymyr Zelensky. "Aujourd'hui, cela dépend à 100% de ce pays, parce que l'Amérique a démontré (...) sa position, l'Ukraine a démontré (...) sa position, et aujourd'hui, la Russie doit y répondre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kiev.
Les principales informations :
- L'Ukraine prête à une trêve, c'est à la Russie de "répondre", dit Zelensky
- Moscou annonce attendre officiellement la proposition de trêve américaine
- Les garanties de sécurité pour l'Ukraine seront discutées si la trêve entre en vigueur, dit Zelensky
- Donald Trump annonce que des négociateurs se rendent "dès maintenant" en Russie
Poutine ordonne à son armée de «libérer complètement» la région russe de Koursk
Le président Vladimir Poutine a ordonné mercredi à son armée de "libérer complètement" la région russe de Koursk, où ses troupes ont revendiqué ces derniers jours de rapides gains face aux forces ukrainiennes.
"Je m'attends à ce que toutes les missions de combat auxquelles nos unités sont confrontées soient accomplies et que le territoire de la région de Koursk soit bientôt complètement libéré de l'ennemi", a-t-il déclaré, vêtu d'un uniforme militaire, au chef d'état-major Valéri Guérassimov, selon des propos diffusés à la télévision russe.
La Russie dit avoir fait prisonnier 430 soldats ukrainiens dans la région de Koursk
Le chef d'état-major de l'armée russe, Valéri Guérassimov, a affirmé mercredi au président Vladimir Poutine que ses troupes ont fait prisonnier 430 soldats ukrainiens lors des récentes avancées dans la région russe frontalière de Koursk.
"Les militaires ukrainiens, voyant qu'il était inutile de continuer à résister, ont commencé à se rendre activement et 430 combattants ont été faits prisonniers", a déclaré M. Guérassimov, selon des propos retransmis à la télévision russe. M. Poutine a, quant à lui, suggéré que ces prisonniers soient "traités comme des terroristes".
Trump annonce que des négociateurs se rendent "dès maintenant" en Russie
Donald Trump a dit mercredi qu'il "espérait" que Vladimir Poutine acceptera la proposition de cessez-le-feu au conflit en Ukraine, tout en restant évasif sur la pression qu'il pourrait exercer sur son homologue russe.
Le président américain a aussi annoncé que des négociateurs se rendaient "dès maintenant" en Russie, pour tenter d'obtenir un feu vert à la proposition d'un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, élaborée lors de pourparlers avec Kiev en Arabie saoudite. "Des gens sont en route vers la Russie dès maintenant", a-t-il dit pendant une réunion avec le chef du gouvernement irlandais Micheal Martin.
Mardi, Donald Trump avait dit qu'il s'entretiendrait directement avec le président russe, sans doute cette semaine. Interrogé sur ce qu'il pourrait faire pour conduire la Russie à accepter, le président américain est resté vague, disant: "Il y a des choses à faire qui ne seraient pas agréables. (...) Sur le plan financier, je peux faire des choses qui seraient très mauvaises pour la Russie. Je ne veux pas faire ça parce que je veux la paix."
Scholz insiste pour qu'une trêve aboutisse à un "accord durable"
Le chancelier allemand Olaf Scholz a souligné mercredi pour qu'une trêve en Ukraine devait aboutir à un "accord durable" qui préserve la souveraineté du pays et lui garantisse le maintien d'une "armée forte".
"Un cessez-le-feu doit s'inscrire dans un processus de paix qui aboutit à un accord durable. La souveraineté de l'Ukraine doit être préservée. L'Ukraine a besoin d'une armée forte, qui constitue la principale garantie de sécurité pour le pays", a affirmé Olaf Scholz, après que l'Ukraine a donné son accord à une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie.
Les garanties de sécurité pour l'Ukraine seront discutées si la trêve entre en vigueur, dit Zelensky
L'Ukraine discutera des garanties de sécurité qu'elle demande à ses alliés si la trêve, proposée à la Russie à l'issue de pourparlers ukraino-américains en Arabie saoudite, entre en vigueur, a indiqué mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky
"Nous parlerons des garanties de sécurité plus en détail si les canons se taisent pendant 30 jours", a-t-il déclaré durant une conférence de presse. Ces 30 jours de trêve devraient servir à "mettre sur papier les étapes convenues avec nos alliés" et "les formats de garanties de sécurité", a-t-il ajouté.
Les Européens vont "devoir être impliqués" dans le processus diplomatique, dit Rubio
Les alliés européens vont "devoir être impliqués" dans tout accord potentiel sur l'Ukraine, qui a donné son accord à une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio.
"Je crois qu'il vont devoir être impliqués", a dit Marco Rubio à la presse à propos des Européens lors d'une escale technique en Irlande, ajoutant que la Russie demanderait la levée des sanctions prises à son encontre depuis le début de la guerre, il y a plus de trois ans.
Moscou attend officiellement la proposition de trêve américaine
La Russie a annoncé mercredi qu'elle attendait d'être officiellement informée par Washington de sa proposition de cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, acceptée par Kiev après plus de trois ans de guerre, au lendemain d'une rencontre diplomatique américano-ukrainienne à Jeddah en Arabie saoudite.
"Nous avons des contacts prévus dans les jours à venir avec les Américains, et nous comptons là-dessus pour obtenir une information complète", a dit lors d'un briefing à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Un appel téléphonique au plus haut niveau" entre Donald Trump et Vladimir Poutine est possible dans un "délai assez court", a-t-il ajouté.
"L'idée est bonne, mais je pense que la Russie n'y consentira jamais"
A Washington, le président américain a assuré mardi qu'il "allait parler" à son homologue russe sans doute cette semaine. Les alliés occidentaux de l'Ukraine ont exhorté la Russie à se prononcer. "À présent, la balle est dans le camp de Poutine", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz sur le réseau X. Dès mardi soir, les deux plus hauts responsables de l'Union européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa avaient salué l'accord et affirmé qu'une décision de Vladimir Poutine était maintenant attendue.
La Chine, qui se présente comme une partie neutre dans le conflit, a déclaré mercredi avoir "pris note" de la proposition de cessez-le-feu. À Kiev, la proposition américaine a reçu un accueil mitigé, "compte tenu de la situation politique récente en Ukraine, je ne pense pas que cette trêve de 30 jours aidera à apporter la paix", a dit mercredi à l'AFP Oksana Evsukova, une enseignante.
"L'idée est bonne, mais je pense que la Russie n'y consentira jamais. Elle a violé tous les accords", a estimé Roman Dunayevsky, un habitant de la capitale ukrainienne. À Kramatorsk, près du front dans le Donbass, un officier ukrainien affirme que "ces ordures vont continuer à attaquer".
"Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix"
Parallèlement, Washington a annoncé mardi lors des discussions la levée "immédiate" de la suspension de l'aide militaire à l'Ukraine. Cette aide avait été suspendue la semaine dernière, en même temps que le partage de renseignement, à la suite de l'altercation, le 28 février dans le Bureau ovale, entre Donald Trump, son vice-président J.D. Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Selon la Pologne mercredi, les livraisons via (le centre logistique de) Jasionka "sont revenues à leurs niveaux précédents". Toujours selon les autorités de Varsovie, jusqu'à 95% de l'aide occidentale passe par la Pologne. Par ailleurs, après l'altercation télévisée la semaine dernière à Washington, Volodymyr Zelensky avait quitté les États-Unis sans signer comme prévu un accord sur l'exploitation des minerais de son pays par les États-Unis.
Mais mardi à Jeddah, l'Ukraine et les États-Unis sont aussi tombés d'accord pour conclure "dès que possible" un accord sur les minerais ukrainiens, selon la déclaration conjointe publiée après la rencontre. "Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix", avait déclaré le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, en entrant dans la salle des négociations.
Dans ce contexte, l'Ukraine a affirmé que son attaque massive menée dans la nuit de lundi à mardi avec des centaines de drones, qui a visé en particulier Moscou et sa région, à plus de 400 kilomètres de la frontière ukrainienne, devrait "inciter" Vladimir Poutine à accepter une trêve aérienne.
Poursuite des combats
L'attaque a fait trois morts, selon les autorités municipales. Le Kremlin a accusé Kiev de frapper "des infrastructures sociales, des immeubles d'habitation". Selon Moscou, 343 drones ont été abattus au cours de cette attaque qui a également visé la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine.
En parallèle de son action militaire, l'Ukraine estime que les États-Unis doivent à présent "convaincre" la Russie d'accepter à son tour un cessez-le-feu, selon le président Volodymyr Zelensky. Pour le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Walz, la question est désormais de savoir "comment" et non "si" la guerre en Ukraine doit finir.
En revanche, sur le terrain, au lendemain des discussions de Jeddah, les combats et les bombardements continuent. À Odessa, dans le sud de l'Ukraine, une frappe de missile balistique russe a fait quatre morts et endommagé un cargo battant pavillon de la Barbade, selon les autorités ukrainiennes.
En outre, la Russie a annoncé mercredi matin avoir repris à l'armée ukrainienne cinq villages près de la ville de Soudja, dans sa région de Koursk. Des médias d'État russes ont affirmé mercredi que les troupes de Moscou étaient entrées dans la ville même de Soudja, ce qui représenterait un nouveau revers de taille pour Kiev, mais cela n'a pas été confirmé par les autorités russes.
Le gouverneur par intérim de la région de Koursk, Alexandre Khinchtein, a par ailleurs déploré la mort de "trois hommes et une femme" dans une attaque ukrainienne qui fait en outre deux blessés, dont un grièvement. Les victimes sont, selon le gouverneur, des employés d'une usine produisant des aliments pour animaux à Kozirevka, un village situé à une quinzaine de kilomètres de combats violents entre les armées ukrainienne et russe.