Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du 212e jour de l'invasion russe

Quatre régions d'Ukraine de l'est et du sud du pays sont concernées par ces "référendums". (Illustration)
Quatre régions d'Ukraine de l'est et du sud du pays sont concernées par ces "référendums". (Illustration) © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 212e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, des référendums d'annexion par la Russie ont débuté dans quatre régions d'Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou, tandis que Kiev revendiquait de nouvelles avancées de son armée dans l'est du pays. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Des référendums d'annexion par la Russie ont débuté vendredi dans quatre régions d'Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou, au 212e jour de l'invasion russe du pays. Ces scrutins sont qualifiés de "simulacres" par Kiev et les Occidentaux et qui, en outre, marquent une escalade majeure du conflit. Dans le même temps, Kiev revendique de nouvelles avancées de son armée dans l'est du pays.

En parallèle, la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes se poursuivait en Russie, le Kremlin cherchant la parade aux avancées de l'armée ukrainienne, forte des livraisons d'armes occidentales. Les forces de Kiev, qui ont mené une contre-offensive éclair dans le nord-est ce mois-ci, ont affirmé qu'elles continuaient de faire reculer les troupes russes.

Les informations à retenir :

- Début des référendums d'annexions

- Une commission d'enquête de l'ONU rapporte des "crimes de guerre commis en Ukraine"

- Les forces ukrainiennes poursuivent leur avancée

- La mobilisation partielle des Russes se poursuit, alors que certains tentent de quitter le pays

Référendum d'annexions : un scrutin au porte-à-porte

Une commission d'enquête de l'ONU a reconnu que des "crimes de guerre ont été commis en Ukraine", évoquant notamment des bombardements russes sur des zones civiles, des exécutions, des actes de torture, des mauvais traitements ainsi que des violences sexuelles. Les critiques internationales n'ont pas empêché Moscou de poursuivre ses plans de référendums en Ukraine.

Les votes, qui ont débuté à 5 heures GMT, s'achèveront le 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud). Le scrutin, annoncé dans l'urgence cette semaine sur fond de succès militaires ukrainiens, se fait notamment par porte-à-porte, selon des images de médias russes. Les autorités ont affirmé qu'il s'agissait d'une mesure de sécurité.

La télévision russe diffusait en boucle des images d'électeurs votant dans des urnes mobiles dans des halls ou des cours d'immeuble. Des centaines de bureaux de vote doivent être ouverts dans les quatre territoires, et d'autres en Russie pour faire voter les déplacés. "Nous espérons qu'après le référendum, on arrêtera de nous bombarder, qu'on aura la paix et l'ordre", a dit à l'AFP Vladimir Choutov, originaire de la région de Lougansk et venu voter à la représentation de Donetsk à Moscou.

Volodymyr Zélensky demande quant à lui au monde de condamner les "pseudo-référendums" russes

Les États-Unis se préparent à une réponse "sévère" en cas d'annexions

Les États-Unis "vont travailler avec (leurs) alliés et partenaires pour infliger des mesures économiques supplémentaires rapides et sévères à la Russie" si celle-ci annexe des territoires en Ukraine, a prévenu vendredi Joe Biden dans un communiqué. "Les référendums de la Russie sont un simulacre, un prétexte fallacieux pour essayer d'annexer des parties de l'Ukraine par la force", a dénoncé le président américain, qui a déjà pris plusieurs trains de sanctions économiques et financières contre le régime de Vladimir Poutine.

La Chine appelle au respect de l'intégrité du territoire ukrainien

Sans aller jusqu'à dénoncer les scrutins, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est tout de même allée de sa critique, appelant au respect de l'intégrité territoriale. Signe de cette approche, une rencontre surprise a eu lieu vendredi à New York entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

Les scrutins ont été décidés après la contre-offensive ukrainienne fulgurante de début septembre, reprenant la région de Kharkiv, dans le nord-est, et que Kiev veut poursuivre vers Lougansk, Donetsk et Kherson.

Les forces ukrainiennes poursuivent leur avancée

L'Ukraine a revendiqué vendredi la prise de Iatskivka sur la rive orientale de la rivière Oskil dans la région de Donetsk (est), ce qui semble confirmer la poursuite de l'avancée des forces de Kiev. Elle dit aussi avoir avancé au sud de Bakhmout, localité de l'Est que l'armée russe essaye de prendre depuis des mois sans succès. "La situation dans le nord (de Donetsk) est extrêmement difficile", a admis jeudi soir le chef séparatiste de Donetsk Denis Pouchiline.

Dans la région de Lougansk, Andreï Marotchko, représentant des militaires prorusses, a fait état de bombardements ukrainiens, constatant que les forces de Kiev "veulent tout faire pour faire dérailler le référendum". L'annonce précipitée de ces scrutins s'est accompagnée de celle, mercredi, par Vladimir Poutine de décréter la mobilisation immédiate d'au moins 300.000 réservistes. Il a aussi menacé d'user de l'arme nucléaire.

Ces Russes qui répondent à l'appel à la mobilisation

Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux et disant montrer la mobilisation dans une localité de Iakoutie, en Sibérie, des hommes aux visages fermés embrassaient leurs proches avant de monter dans un bus. Sur une autre vidéo publiée par la populaire chaîne Telegram Mash, on peut voir une file d'hommes se tenant devant un avion de transport de troupes sur un tarmac, de nuit.

Joint par l'AFP, Konstantin, 29 ans, dit avoir reçu sa convocation au domicile de ses parents à Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie, à 120 km de la frontière ukrainienne. "Je suis encore sous le choc", affirme-t-il. "Je ne vais pas me cacher mais je ne saute pas de joie non plus".

D'autres se sont vu remettre une convocation après avoir été arrêtés lors de manifestations contre la mobilisation mercredi. "Je m'attendais aux (procédures) habituelles: l'arrestation, le poste de police, le tribunal. Mais s'entendre dire: +Demain tu pars à la guerre+, (...) ça, c'était une surprise", a raconté à l'AFP Mikhaïl Souetine, 29 ans, qui a refusé de signer le document.

De nombreux Russes quittent leur pays

L'annonce de la mobilisation a aussi convaincu de nombreux Russes de quitter le pays, sans qu'on ne puisse chiffrer l'ampleur du phénomène. Les gardes-frontières du Kazakhstan ont fait état d'un afflux à la frontière russo-kazakhe et assuré que la situation "faisait l'objet d'un contrôle particulier".

Une personne interrogée par l'AFP sous couvert de l'anonymat a dit avoir fait la queue huit heures pour entrer au Kazakhstan, un autre douze heures pour rejoindre la Mongolie. La Finlande a rapporté un doublement des entrées à la frontière russe depuis l'annonce de la mobilisation.

L'Ukraine réduit la présence diplomatique iranienne à cause des livraisons d'armes à Moscou

L'Ukraine va "réduire significativement" la présence diplomatique de l'Iran dans le pays, en représailles aux livraisons d'armes de Téhéran à Moscou, le jour où une frappe russe de drones iraniens a fait un mort dans le port d'Odessa. "En réponse à un acte aussi hostile, la partie ukrainienne a décidé de priver l'ambassadeur d'Iran en Ukraine de son accréditation et de réduire considérablement le nombre de membres du personnel diplomatique de l'ambassade d'Iran à Kiev", a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cette décision a été signifiée au chargé d'affaire iranien en Ukraine, qui a été convoqué au ministère, selon la même source. "La partie iranienne a été informée que la fourniture d'armes iraniennes à la Russie (...) contredit directement la position de neutralité, de respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a poursuivi le ministère. "Fournir à la Russie des armes pour faire la guerre à l'Ukraine est un acte hostile qui porte un coup sérieux aux relations Ukraine-Iran", a-t-il ajouté.