Ceuta 1:32
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Henry de Laguérie, édité par Romain David, avec AFP
En quelques heures, lundi, environ 8.000 migrants, selon les sources, sont arrivés illégalement dans l'enclave espagnole de Ceuta au Maroc. Madrid a fait appel à son armée pour les renvoyer de l'autre côté de la frontière marocaine. Rabat pourrait avoir laissé passer ces voyageurs en forme de représailles contre l'Espagne.

L'afflux préoccupant de migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta a obligé Madrid à faire appel à l'armée. Ils sont au moins 8.000 à être entrés illégalement depuis le Maroc voisin par terre ou par mer, parfois même à la nage. Sur les images diffusées par la télévision de Ceuta, on peut voir passer les tanks de l'armée espagnole sur la plage d'El Tarajal, au pied de la frontière. Des dizaines de militaires sont actuellement en train de renvoyer les migrants côté marocain.

Combien de migrants ont pu passer la frontière ?

Près de 4.000 migrants ont déjà été expulsés. En 24 heures, une marée humaine sans précédent s'est engouffrée dans ce petit bout d'Europe en Afrique. Le passage de ces migrants a été facilité par la passivité des forces de l'ordre marocaines. Selon les syndicats de police espagnols, ce ne serait pas 8.000, mais sans doute 10.000 personnes qui seraient passés côté espagnol.

Pourquoi l'Espagne a-t-elle déployé son armée ?

Madrid invoque des raisons de sécurité et une atteinte à son intégrité territoriale. Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s'est déplacé en urgence à Ceuta, mardi. "L'intégrité territoriale de l'Espagne, ses frontières, qui sont aussi les frontières extérieures de l'Union européenne, et surtout la sécurité de nos compatriote, seront défendues par le gouvernement espagnol avec tous les moyens nécessaires, en collaboration avec nos partenaires européens", a-t-il averti. Pedro Sanchez doit également se rendre à Melilla, l'autre enclave espagnole située sur la côte marocaine.

Pourquoi le Maroc a laissé ces migrants franchir la frontière ?

La police marocaine aurait laissé faire, car Rabat est très en colère contre Madrid depuis qu'il a été révélé que le leader des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, était hospitalisé en Espagne. Ennemi juré de Rabat, le Front Polisario revendique l'indépendance du Sahara occidental, qui fut jusqu'en 1975 une colonie espagnole, mais que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire. "Les actes ont des conséquences", a reconnu l'ambassadrice du Maroc à Madrid. En Espagne, on voit dans cette déclaration la preuve que le Maroc exerce une forme de chantage à l'immigration.