Syrie : des civils utilisés comme "boucliers humains" à Afrine

Ankara dément prendre pour cible les civils, mais selon l'OSDH, au moins 245 civils, dont 41 enfants, ont péri depuis le début de l'offensive turque.
Ankara dément prendre pour cible les civils, mais selon l'OSDH, au moins 245 civils, dont 41 enfants, ont péri depuis le début de l'offensive turque. © AHMAD SHAFIE BILAL / AFP
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avec AFP , modifié à
Alors que la quasi-totalité de la ville d'Afrine est encerclée par les forces turques, l'ONU craint que les civils encore présents dans la ville ne soient utilisés comme des boucliers humains.

L'ONU a exprimé vendredi sa préoccupation à propos de rapports indiquant que des civils pris au piège à Afrine, enclave kurde du nord-ouest syrien, étaient empêchés de fuir par les forces kurdes et utilisés comme "boucliers humains".

Des civils "pris au piège". "Des centaines de milliers de civils sont en danger", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève. "Nous sommes profondément préoccupés par le risque élevé que des civils - qui sont pris au piège - soient tués, blessés, assiégés, utilisés comme boucliers humains ou déplacés du fait des combats", a-t-elle déclaré.

Une ville assiégée. L'armée turque, aidée de rebelles syriens, mène depuis le 20 janvier une offensive pour chasser d'Afrine et de sa frontière les Unités de protection du peuple (YPG). Ce groupe kurde, considéré par Ankara comme "terroriste", est un allié de Washington dans la lutte contre les djihadistes.

La ville d'Afrine est désormais quasi-encerclée, à l'exception d'un unique couloir utilisé par les civils qui fuient par milliers en rejoignant des zones tenues par le régime. Plus de 30.000 civils ont quitté Afrine depuis mercredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Au moins 245 civils tués. Ankara dément prendre pour cible les civils, mais selon l'OSDH, au moins 245 civils, dont 41 enfants, ont péri depuis le début de l'offensive turque. Ravina Shamdasani a expliqué que le Haut-Commissariat avait reçu des "rapports très alarmants (...) sur des morts et blessés", alors que les raids aériens et les frappes terrestres se poursuivent, "ainsi que des rapports affirmant que les forces kurdes empêchent les civils de quitter la ville d'Afrine".

Une fuite difficile. "Nous avons reçu des rapports indiquant que seuls les civils qui ont des contacts au sein de l'autorité kurde ou des forces armées kurdes ont pu partir", a-t-elle détaillé. "Même lorsqu'ils partent, ils doivent faire face à de graves dangers (...) et ils doivent payer un pot-de-vin lorsqu'ils arrivent sur le territoire contrôlé par le gouvernement", a-t-elle ajouté. "Si vous ne pouvez pas payer, vous devez faire demi-tour", a-t-elle dit. "Il y a des inquiétudes quant au fait que les civils soient (...) utilisés comme boucliers humains", a-t-elle insisté.

Une grave pénurie d'eau. "Les civils nous ont fait part de leurs sérieuses inquiétudes quant à leur sécurité, notamment parce que des combattants ont placé des lance-roquettes dans des zones résidentielles", a également dit la porte-parole. "Il y a également une grave pénurie d'eau due à la destruction signalée d'une station de pompage ainsi qu'au contrôle d'autres ressources en eau par les forces turques", a-t-elle dit.