Succession du pape François : un cardinal élu lors du conclave peut-il refuser son élection ?
Depuis ce mercredi, les 133 cardinaux chargés d'élire parmi eux le successeur du pape François sont entrés en conclave. Depuis, par deux fois, la fumée noire s'est échappée de la cheminée de la chapelle Sixtine, signe que les cardinaux ne se sont pas mis d'accord sur un nom. Mais un cardinal qui reçoit les deux tiers des votes requis pour être pape peut-il refuser son élection ?
Ce n'est plus qu'une question d'heures ou de jours avant d'avoir l'identité du successeur du pape François. Les 133 cardinaux électeurs sont entrés en conclave depuis ce mercredi après-midi pour élire parmi eux le 267e pape de l'histoire de l'Église catholique. Pour être élu, un cardinal doit obtenir deux tiers des votes, mais peut-il refuser son élection ?
"Acceptes-tu ton élection canonique comme Souverain Pontife ?"
Si certains cardinaux ont exprimé le souhait de ne pas être pape, comme le cardinal Romero, archevêque espagnol de Rabat, qui a dit au journal Il Messaggero que "si je suis élu, je m'enfuis en Sicile", la plupart ont conscience de la possibilité de porter l'anneau du pêcheur.
Mais malgré tout, rien n'oblige le cardinal qui reçoit les deux tiers des votes à accepter de siéger sur le trône de Saint-Pierre. Après le décompte des voix, le cardinal-doyen s'approche de l'élu et lui pose cette question : "Acceptasne electionem de te cononice factam in Summum Pontificem ?", autrement dit : "Acceptes-tu ton élection canonique comme Souverain Pontife ?". S'il répond "non", les discussions reprennent entre les cardinaux. Ils doivent donc de nouveau se remettre d'accord sur un autre nom.
Si un cardinal révèle ce qu'il s'est passé durant le conclave, il risque l'excommunication
En cas de refus, aucune sanction n'est prévue dans la Constitution apostolique. Mais dans Universi Dominici Gregis, la Constitution apostolique promulguée en 1996, Jean-Paul II appelle "celui qui sera élu à ne pas se dérober à la charge à laquelle il est appelé, par crainte de son poids, mais à se soumettre humblement au dessein de la volonté divine". Un refus serait donc mal perçu.
Mais le grand public n'en saura rien, car tout ce qu'il se passe dans le conclave, reste dans le conclave. Si un cardinal révèle ce qu'il s'est passé à l'intérieur de la chapelle Sixtine, il risque l'excommunication, car il a juré de garder le secret en entrant dans l'édifice.
Cependant, dans l'histoire, trois cardinaux auraient refusé de porter l'anneau du pêcheur : saint Philippe Néri et saint Charles Borromé au 16e siècle et le cardinal Giuseppe Siri au 20e siècle.