Sabotage d'un câble en Baltique : la protection de ces infrastructures, un véritable défi économique, technique et humain
Les Européens soupçonnent la Russie et sa flotte fantôme d'être à l'origine du sabotage du câble sous-marin EstLink 2 qui relie la Finlande et l'Estonie. Ce matin, Berlin a appelé à de nouvelles sanctions contre la Russie, qualifiant l'attaque comme un signal d'alarme. Des accidents sous-marins qui se multiplient depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les tensions montent une nouvelle fois entre les Européens et la Russie, cette fois concernant des sabotages de câbles sous-marins. Des incidents qui se multiplient depuis le début de la guerre en Ukraine et à chaque fois ou presque, impossible de dire avec certitude s'il s'agit d'un sabotage intentionnel ou d'un accident.
"Il faut consacrer plus de ressources en personnel, en argent et en moyens à la protection de ses infrastructures
Mais dans les états-majors, on ne veut plus croire au hasard. D'autant plus quand on connaît l'importance de ces câbles, puisque 99% du trafic internet transite dessus ainsi que des milliards de dollars de transactions financières tous les jours. Ce vendredi, l'OTAN a donc annoncé le renforcement de sa présence dans la mer Baltique.
Mais pour surveiller des milliers de kilomètres de câbles efficacement, il faut des drones, des patrouilles maritimes et même de la détection satellitaire, le tout actif en permanence. Et cela représente un défi financier considérable, comme le souligne Cyrille Bret, chercheur à l'Institut Delors et auteur d'une note sur la sécurisation de la Baltique.
"Il faut tout simplement consacrer plus de ressources en personnel, en argent et en moyens à la protection de ses infrastructures. C'est un défi capacitaire. C'est un défi de quantité. C'est un défi d'investissement pour surveiller, mais pour dissuader tout atteinte à ses infrastructures critiques".
"C'est une vraie démonstration de force si c'est un sabotage"
Le chercheur rappelle aussi que même en dehors de ces attaques, ces câbles tombent souvent en panne, que ce soit à cause du trafic maritime ou à cause de l'hostilité du milieu sous-marin. Ils représentent une cible idéale, du moins en partie, justement à cause de la complexité du milieu sous-marin, qui facilite les opérations clandestines, explique Cyrille Bret. "Dès que ça se passe sous la surface de la mer, c'est comme quand on est dans le cyberespace : l'attribuabilité et la connaissance du mode opératoire et quasi impossible".
Une opacité qui permet de brouiller les pistes et donc d'être menaçant sans se lancer dans des attaques plus directes, même si attaquer ces câbles est une opération très complexe, souligne le chercheur : "Laisser dériver une ancre au bon endroit, à la bonne profondeur avec la bonne masse pour endommager un câble de se type là, ça nécessite des opérations de reconnaissance, de collecte d'information, d'adaptation des moyens et de navigations qui sont très sophistiqués. C'est une vraie démonstration de force si c'est un sabotage".
Dernier avantage pour la Russie, montrer qu'elle peut aussi gêner des pays plus éloignés en ciblant les infrastructures de communication. C'est évidemment le cas de la France qui est l'un des points d'entrée principaux des câbles sous-marins en Europe.