Rwanda : Kagame "déçoit profondément" les USA en se représentant

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Paul Kagame préside le Rwanda depuis la fin du génocide en 1994, et pourrait encore diriger le pays jusqu'en 2034.

Les Etats-Unis se sont dit samedi "profondément déçus" par la décision du président rwandais sortant Paul Kagame de briguer un troisième mandat et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.

Inquiétudes. "Avec cette décision, le président Kagame rate une occasion historique de renforcer et consolider les institutions démocratiques que le peuple rwandais s'est échiné à bâtir depuis plus de 20 ans", a déclaré samedi le porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, dans un communiqué. Paul Kagame, 58 ans, avait annoncé jeudi soir qu'il se représenterait à la présidentielle en 2017, comme l'y autorise la nouvelle constitution approuvée massivement (98,4% des votants) par ses concitoyens lors d'un référendum le 18 décembre.

Génocide. Paul Kagame est l'homme fort du pays depuis juillet 1994: à l'époque, sa rébellion du FPR avait chassé de Kigali les extrémistes hutu et mis fin au génocide qu'ils avaient déclenché trois mois auparavant (800.000 morts, essentiellement membres de la minorité tutsi). Ce Tutsi anglophone est crédité de la stabilité du Rwanda, qu'il a remis sur pieds avec un programme volontariste de développement économique. Mais celui qui, en 2010, avait laissé entendre que ce serait un échec pour lui s'il ne trouvait personne pour le remplacer avant la fin de son mandat actuel, est depuis accusé de verser de plus en plus dans une dérive autocratique.

Comme Paul Kagame, plusieurs dirigeants africains ont récemment levé ou tenté de lever les limitations constitutionnelles du nombre de mandats, parfois au prix de mouvements de contestations, notamment au Burundi voisin, plongé dans une violente crise depuis plus de huit mois.