Russie : Telegram sommé de livrer des clés de cryptage

Pour les défenseurs de la messagerie, la demande du FSB viole la constitution russe.
Pour les défenseurs de la messagerie, la demande du FSB viole la constitution russe. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
La messagerie, connue pour offrir un niveau élevé de confidentialité, est utilisée notamment par les mouvements djihadistes. 

Telegram dans le collimateur des autorités russes. La messagerie Telegram est sommée de fournir sous 15 jours aux services secrets russes (FSB) les clés de cryptage permettant de lire les messages de ses utilisateurs sous peine de blocage. Dans un communiqué publié sur son site, l'agence de régulation des télécoms Roskomnadzor demande à la messagerie de "fournir au FSB les informations nécessaires pour décoder les messages électroniques reçus, transmis, en cours d'envoi". Telegram est connue pour offrir un niveau élevé de confidentialité et son utilisation par les mouvements djihadistes a régulièrement suscité la polémique ces dernières années.

Droit au secret de la correspondance. Cet avertissement intervient après une décision de la Cour suprême de rejeter une plainte de la messagerie qui tentait de faire annuler une condamnation précédente. Mi-octobre, la justice russe avait condamné Telegram à une amende de 800.000 roubles (18.000 euros) pour avoir refusé de coopérer avec le FSB. Les demandes du FSB sont "techniquement impossible à exécuter" et violent la Constitution russe qui protège le droit au secret de la correspondance, avait affirmé sur le réseau social VK le co-fondateur de Telegram, Pavel Dourov. Ce jeune génie de l'internet russe, qui a déjà défié à plusieurs reprises les autorités et a quitté la Russie en 2014 en invoquant des tensions avec les autorités, avait alors appelé tout avocat souhaitant faire appel de cette décision de justice à contacter Telegram.

"Dissimuler leurs plans criminels". Après l'attaque terroriste qui avait fait 16 morts dans le métro de Saint-Pétersbourg le 3 avril 2017, le FSB avait ainsi affirmé que l'auteur de l'attentat et ses complices avaient utilisé Telegram "pour dissimuler leurs plans criminels". La messagerie avait échappé à un blocage en juin après avoir accepté de fournir au régulateur russe des informations pour être intégrée au registre des diffuseurs d'information, ce qu'elle refusait auparavant.