Carola Rackete est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d'être emmenée en voiture.
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Pierre Herbulot, édité par B.B , modifié à
PORTRAIT - La France et l'Allemagne ont dénoncé dimanche l'attitude de l'Italie après l'arrestation de Carola Rackete, la jeune capitaine du navire humanitaire Sea-Watch qui a accosté de force à Lampedusa pour débarquer 40 migrants.

Applaudie par les uns, huée par les autres. Trois jours après son arrestation à Lampedusa, Carola Rackete est devenue le symbole du débat sur la question migratoire.

"Une criminelle au service des passeurs" à qui le Premier ministre italien Matéo Salvini promet la prison. Elle risque, pour "résistance à un navire de guerre", jusqu'à 10 ans de prison. Mais Carola Rackete est aussi une héroïne surnommée "Capitaine courage" pour qui on lève un million d'euros de dons en 48h.

"Nous serons acquittés dans les livres d’Histoire"

Pour cette militante allemande de 31 ans, dreadlocks nouée derrière la tête, l'aide humanitaire est une vocation. "Une obligation morale", dit-elle. Quitte à défier les autorités, quitte à forcer un barrage naval militaire, quitte à aller derrière les barreaux. "Ce n'était pas un acte de violence, seulement de désobéissance", a assuré la jeune Allemande de 31 ans dans une interview au Corriere della Sera, alors qu'elle est accusée d'avoir obligé une vedette de la police chargée de l'empêcher d'accoster à s'éloigner sous peine d'être écrasée contre le quai. "Mon objectif était seulement d'amener à terre des personnes épuisées et désespérées", a-t-elle ajouté, expliquant avoir craint que des migrants se jettent à l'eau pour tenter de gagner la rive alors qu'ils ne savaient pas nager.

Après 17 jours d'errance en mer sans port pour accueillir son bateau et les 40 migrants à son bord, la militante l'avait anticipé : "Si nous ne sommes pas acquittés par un tribunal, nous le serons dans les livres d’histoire."