Kim Jong-Un assure que la Corée du Nord n'a pas été touchée par la pandémie de coronavirus. 2:18
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Didier François, édité par , modifié à
Des hackers nord-coréens ont mené une cyberattaque contre les systèmes informatiques de Pfizer afin de voler des données sur le vaccin contre le coronavirus. Le régime de Pyongyang, qui assure pourtant depuis des mois que le pays n’a pas été touché par l’épidémie, a aussi cherché à pirater d’autres laboratoires.
DÉCRYPTAGE

Un État qui se comporte comme un pirate informatique. Selon des médias, citant mardi les services de renseignement sud-coréens, la Corée du Nord a cherché à s’introduire dans les systèmes informatiques du géant pharmaceutique Pfizer. L’objectif : trouver des informations sur le vaccin et les traitements contre le coronavirus. Le régime de Pyongyang, son leader Kim Jong-Un en tête, soutient pourtant que le pays n’a pas été touché par la pandémie. Cette cyberattaque tend ainsi à prouver la réalité de la situation sanitaire en Corée du Nord, comme l’a analysé notre spécialiste des affaires internationales Didier François. 

Les espions de Pyongyang ont tenté de pirater d’autres laboratoires 

"Cette cyberattaque n’est pas vraiment une première pour la Corée du Nord, qui s’est déjà fait prendre neuf fois la main dans le pot de confiture rien que l’année passée. L’objectif est toujours le même : voler les secrets de fabrication des vaccins contre le virus du Covid-19. L’intrusion révélée par l’agence sud-coréenne de contre-ingérence visait le laboratoire Pfizer et son sérum, mis au point avec le centre de recherche allemand BioNTech.

Mais les espions numériques nord-coréens ont aussi tenté de pénétrer les systèmes informatiques de Johnson and Johnson, d’AstraZeneca, de Novavax et de pratiquement tous les centres de recherches pharmaceutiques de pointe. Ce qui en dit long sur la réalité de la situation sanitaire en Corée du Nord, a priori particulièrement dégradée pour que son régime en soit réduit à de telles extrémités. 

L’ironie de cette affaire étant que, depuis le début de la pandémie, Kim Jong-un crie sur tous les toits que son pays est le seul au monde à ne pas avoir été touché par le coronavirus. Ce qui est évidemment un mensonge éhonté puisque Pyongyang vient de réclamer aux Nations Unies la livraison d’une aide vaccinale d’un volume de deux millions de doses. 

Une armée de hackers 

Cette nouvelle cyberattaque confirme l’agressivité des pirates informatiques nord-coréens. Le régime de Pyongyang dispose d’une véritable armée de cybercriminels de quelque 1.700 pirates informatiques, encadrés par des officiers du renseignement militaire. Les meilleurs de ces hackers sont regroupés dans une petite structure d’action clandestine, qui s’appelle l’unité 121 du Bureau général de reconnaissance. 

Certains programmeurs sont spécialisés dans le braquage en ligne et ont par exemple réussi à détourner 81 millions de dollars de la Banque centrale du Bangladesh en 2016, puis 60 millions de dollars à la banque taïwanaise Far Eastern International en 2017. L’an dernier, ils sont passés au vol de biens virtuels en faisant main basse sur plus de 300 millions de dollars de monnaie électronique, ces fameux Bitcoins, qui ont ensuite servi à financer le programme nucléaire illégal de la Corée du Nord."