Le Maroc a notamment espionné les téléphones de plusieurs journalistes de Mediapart. (Image d'illustration) 1:45
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Nicolas Feldmann , modifié à
Selon les révélations d'un consortium de 17 médias, le Maroc aurait espionné plusieurs milliers de journalistes à travers le monde via un logiciel israélien d'espionnage, dont une trentaine de Français. Rabat aurait sélectionné ses cibles en fonction de leurs prises de position mais aussi de leurs carnets d'adresses.
DÉCRYPTAGE

Medipart et Le Canard Enchaîné vont porter plainte après les révélations d'espionnage par des services marocains. Une trentaine de journalistes dont des patrons de presse français ont vu leurs téléphones infectés par le logiciel espion israélien Pegasus au profit des services de renseignement marocains. Mais pourquoi le royaume s’intéresse aux personnalités françaises ?

Des thématiques sensibles pour le Maroc

En Juin 2019, Edwy Plenel s’est exprimé à une table ronde sur les droits de l’homme à Essaouira au Maroc. Le fondateur de Medipart affiche alors son soutien au mouvement populaire du RIF, parle de liberté de la presse. Dans les 2 mois qui suivent, son téléphone est infecté par le logiciel Pegasus.

Entre 2019 et 2020, c’est le téléphone de Leanïg Brédoux, une autre journaliste de Mediapart, qui est espionné. "Il y a deux hypothèses. D'abord, j'ai écrit une série d'articles sur le Maroc, et notamment sur le patron des renseignements marocains lorsqu'il avait été convoqué après une plainte pour torture en France", rapporte la journaliste auprès d'Europe 1. "Le deuxième élément, c'est que je travaille sur la question des violences sexistes et sexuelles et que cette question est perçue comme quelque chose de très important, au Maroc.

Les carnets d'adresse des journalistes visés ?

Martin Untersinger a enquêté sur le logiciel Pegasus pour le quotidien Le Monde. "Avec des cas comme Edwy Plenel, l'infection s'explique sans doute par ses prises de position et ses travaux. Il y a d'autres cas où les journalistes ne travaillent pas directement sur des sujets concernant le Maroc, et où l'on peut émettre l'hypothèse que l'intérêt des services à leur égard est surtout lié à leur carnet d'adresse", avance-t-il.

Dans un communiqué, le royaume rejette les accusations d’espionnage, et parle d’allégations mensongères dénuées de tout fondement.