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Française d'origine guinéenne mais naturalisée allemande, Elisa Diallo a grandi France, vécu aux Pays-Bas et désormais en Allemagne. Malgré le Brexit et les poussées extrémistes, elle n'envisage pas un avenir qui ne soit pas européen.
TÉMOIGNAGE

Plus d'un million de personnes se sont mobilisées à Londres, samedi, pour demander un nouveau vote sur le Brexit et dire leur attachement à l'Europe. En parallèle, à deux mois des élections européennes, l'Europe fait face à une montée des nationalismes.

Dans ce contexte, le parcours d’Élisa Diallo, qui publie Fille de France, est une illustration de tous les enjeux et les questionnements de l'Europe. Française de père guinéen, elle a vécu onze aux Pays-Bas et s'est installée depuis dix ans en Allemagne, pays dont elle a obtenu la nationalité. Pour Europe 1, elle témoigne de ce qu'est l'Europe, selon elle.

"Un malaise avec la nationalité française". Si elle a choisi d'obtenir la nationalité allemande en plus de sa nationalité française, c'est parce qu'elle voulait pouvoir voter dans le pays où elle travaille, élève ses enfants et paye ses impôts. Les élections présidentielles en France, sa peur de voir Marine Le Pen l'emporter et l'éventualité d'un 'Frexit' ont aussi été un détonateur. "Je me suis rendu compte que j'avais un malaise avec la nationalité française depuis longtemps", avoue-t-elle, tout en clamant son attachement à la France. "C'est là où je suis née, où j'ai grandi. C'est ma culture, c'est mon pays."

"L'importance de l'Europe pour l'Allemagne". Demander la nationalité allemande l'a néanmoins interrogée sur sa propre identité, complexe. Mais ironie de l'histoire, c'est quand elle obtient la nationalité allemande et qu'elle participe aux élections législatives allemandes pour la première fois que 90 députés d'extrême droite sont élus. "En France, ça me terrifie. En Allemagne, le bloc démocratique est tellement solide" qu'elle se montre positive face aux résultats. Mais aussi "grâce à l'importance qu'a l'Europe pour l'Allemagne", souligne-t-elle.

"L'Europe, le seul futur dont j'ai envie". Son optimisme ne l'empêche pas de penser que les frontières - qui devaient s'estomper - sont en train de se reconstruire. En voyage professionnel en Angleterre, elle a aussi constaté que des Européens non Britanniques, mais qui vivaient en Angleterre, avaient pour certains demander la nationalité britannique par sécurité. Pour autant, elle l'affirme : "L'Europe est le seul futur dont j'ai envie. Vu d'Allemagne, il y a une telle confiance dans le futur européen car par la force des choses, elle a été obligée de déconstruire son mythe national (...). Les Allemands ont dû construire une autre Histoire nationale basée davantage sur aujourd'hui et le futur que sur le passé."

Si elle trouve l'Europe nécessaire, elle ne se l'imagine pas en danger, comme l'écrivait Emmanuel Macron dans sa tribune aux citoyens européens : "Je suis confiante dans l'Europe. Nos enfants arrivent. Eux n'envisagent pas d'avenir sans Europe."