Ruth Bader Ginsburg 1:26
  • Copié
avec AFP , modifié à
Une révolutionnaire en habits de cour, une juge érudite devenue icône de la gauche, frêle et pourtant endurante : la doyenne de la Cour suprême des Etats-Unis, Ruth Bader Ginsburg, s'est éteinte vendredi à l'âge de 87 ans.

La doyenne de la Cour suprême américaine, Ruth Bader Ginsburg, est morte vendredi à l'âge de 87 ans, a annoncé la haute cour, un coup dur pour les progressistes susceptible de bouleverser durablement l'équilibre de l'institution au profit des conservateurs. En son honneur, le drapeau de la Maison Blanche est en berne. "La juge Ruth Bader Ginsburg est décédée cet après-midi à son domicile, entourée de sa famille, des complications d'un cancer métastasé du pancréas", a indiqué la cour. La question du remplacement de "RBG", ainsi qu'est surnommée la magistrate, va peser de façon brûlante sur la fin de la campagne présidentielle.

 

Réaction de Trump, Biden et du président du Sénat

Le président Trump a salué la "vie exceptionnelle" de la juge à la Cour suprême, qu'il a qualifiée de "colosse du Droit", après avoir appris à l'issue d'un déplacement de campagne dans le Minnesota son décès. "Elle vient de mourir ? Je n'étais pas au courant. Elle a mené une vie exceptionnelle", a réagi le président républicain, qui était sur scène en train de faire un discours dans la ville de Bemidji dans le Minnesota, au moment où la haute cour annonçait la mort de la juge. 

Donald Trump n'a appris la nouvelle de son décès qu'à la fin de son meeting de campagne, quelques minutes avant d'embarquer dans l'avion présidentiel. Il a ensuite salué dans un communiqué un "esprit brillant" dont les décisions, notamment sur les droits des femmes, "ont enthousiasmé tous les Américains". "Combattante jusqu'au bout", cette magistrate progressiste "a prouvé qu'on peut être en désaccord sans être désagréable", a-t-il ajouté.

Le candidat démocrate Joe Biden a lui souhaité voir le prochain juge à la Cour suprême des Etats-Unis, qui succèdera à Ruth Bader Ginsburg, désigné par le président élu lors du scrutin du 3 novembre. "Les électeurs doivent choisir le président, et le président doit proposer un juge au Sénat", a-t-il dit dans une déclaration à la presse.

De son côté, le chef républicain du Sénat a déclaré qu'il organiserait un vote à la chambre haute du Congrès si Donald Trump nommait avant l'élection du 3 novembre un successeur à la doyenne. "Nous avons promis de travailler avec le président Trump et de soutenir son programme, notamment ses choix remarquables pour les postes de juges fédéraux", a déclaré Mitch McConnell dans un communiqué. "Une nouvelle fois, nous tiendrons notre promesse. Le candidat du président Trump aura droit à un vote dans l'enceinte du Sénat des Etats-Unis."

Une popularité étonnante

Juge la plus connue du quatuor progressiste de la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg avait été nommée en 1993 à la haute cour par le président Bill Clinton. Elle jouissait d'une popularité étonnante au regard de l'austérité traditionnellement associée aux neuf juges de la Cour suprême. Cela s'explique notamment car la juge Ginsburg fut une pionnière de la lutte pour l'émancipation des femmes, dans les années 1970.  Elle a ensuite épousé d'autres évolutions de la société américaine, se rapprochant des plus jeunes sur des questions comme l'avortement ou le mariage homosexuel.

Les démocrates américains redoutaient plus que tout une défaillance de Ruth Bader Ginsburg car le président Donald Trump va assurément tenter de la remplacer par un juge conservateur, dès que le moment de deuil sera passé. Ce nouvel arrivant serait à coup sûr confirmé par un vote du Sénat, où les républicains ont conservé leur majorité aux élections législatives de 2018. La Cour suprême a déjà une majorité de cinq juges conservateurs.

"RBG" avait déjà été soignée pour plusieurs cancers, apparus sur une période de deux décennies, notamment au pancréas et au colon.