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Caroline Baudry, avec AFP , modifié à
Depuis lundi, des milliers de migrants se sont massés à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, poussés par des gardes-frontières biélorusses. Une manœuvre du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko en représailles aux sanctions européennes décidées après la répression brutale de l'opposition biélorusse.

Faut-il craindre une escalade des tensions en Europe de l'Est ? Lundi, la Pologne a accusé la Biélorussie de fomenter un incident majeur à sa frontière en instrumentalisant les flux de migrants. Sur des images, on voit des réfugiés en provenance de Minsk, la capitale de la Biélorussie, escortés vers la frontière par des hommes armés en uniformes kaki - des gardes-frontière biélorusses - qui poussent les réfugiés à franchir la frontière.

Des représailles de Minsk

"Plus de 10.000 soldats aident les gardes-frontière là où se passent les attaques les plus fortes", a dénoncé le porte-parole du gouvernement polonais devant les images de la frontière avec la Biélorussie. Armés de pelles, de sécateurs et de troncs d'arbres, les migrants tentent de détruire les couches de barbelés qui les séparent de la Pologne. "S'il vous plaît, laissez-nous passer !", implorent certains. Les soldats biélorusses les empêchent de rebrousser chemin.

Selon le ministre de l'Intérieur polonais, la manœuvre serait orchestrée par les services spéciaux de Minsk. "Ce sont des représailles du régime de Loukachenko contre les fondements des gouvernements de Lituanie, de Lettonie et de Pologne, mais aussi contre les actions de l'Union européenne. Ces actions de Loukachenko remettent en cause la sécurité de la frontière polonaise et son intégrité", s'est-il alarmé.

L'Union européenne plaide pour de nouvelles sanctions

De son côté, Bruxelles a accusé le président biélorusse Alexandre Loukachenko d'orchestrer l'arrivée de cette vague de migrants et de réfugiés, en réponse aux sanctions européennes décidées après la répression brutale de l'opposition biélorusse. Lundi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les États membres à approuver de nouvelles sanctions contre les autorités biélorusses. "L'instrumentalisation des migrants dans un but politique est inacceptable", a dénoncé la présidente dans un communiqué. Outre les sanctions contre Minsk, elle indique que l'UE "va examiner comment sanctionner les compagnies aériennes de pays tiers" qui acheminent les migrants au Bélarus. 

La situation a fait réagir jusqu'à Washington. Le porte-parole de la diplomatie américaine a exhorté le gouvernement bélarusse à cesser immédiatement de manipuler les flux de migrants. Mardi, la Biélorussie a dénoncé les accusations "sans fondement" de Varsovie, selon lesquelles Minsk serait derrière les tentatives de passage illégal de milliers de migrants à la frontière polonaise.

Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko se sont entretenus au téléphone

D'après le Kremlin, le président bélarusse Alexandre Loukachenko et son homologue russe et principal allié Vladimir Poutine se sont entretenus au téléphone au sujet des tensions à la frontière entre le Bélarus et la Pologne. Les deux hommes ont eu "un échange de vues sur la situation des réfugiés".