Merkel nie avoir dissimulé des informations sur l'origine supposée du Covid-19
L'ancienne chancelière allemande a nié ce jeudi une enquête de la presse allemande qui l'accuse d'avoir dissimulé un rapport de ses services de renseignement sur la possible origine de la pandémie de Covid-19. Ce rapport concluait à une probable fuite du virus dans un laboratoire chinois.
L'ancienne chancelière allemande Angela Merkel a nié jeudi des accusations de presse selon lesquelles elle aurait dissimulé un rapport de ses services de renseignement concluant à une probable fuite de laboratoire chinois comme origine de la pandémie de Covid-19.
"La chancelière rejette l'accusation de manière très claire", a indiqué son bureau dans un déclaration envoyée au quotidien allemand Tagesspiegel.
Une fuite accidentelle dans le laboratoire de Wuhan serait à l'origine de la propagation mondiale du Covid-19
L'hebdomadaire Die Zeit et le quotidien Süddeutsche Zeitung ont publié une enquête affirmant que le service de contre-espionnage allemand (BND) était arrivé en 2020 à la conclusion, avec une probabilité évaluée entre 80 et 95%, qu'une fuite accidentelle dans le laboratoire de Wuhan, en Chine, avait été à l'origine de la propagation mondiale du virus.
Ces révélations interviennent 5 ans après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété une pandémie à propos du Covid-19. Le BND avait été chargé alors par la chancellerie de mener sa propre enquête.
Mais d'après les journaux, le gouvernement de l'époque, conduit par Angela Merkel, puis celui du social-démocrate Olaf Scholz à partir de décembre 2021, "ont empêché que cette piste soit dévoilée" au public en verrouillant le dossier d'enquête. Les autorités allemandes auraient craint de créer un effet de panique supplémentaire dans la population et voulu empêcher une crise diplomatique avec Pékin.
L'ancienne chancelière (2005-2021) a fait savoir jeudi également ne pouvoir se prononcer sur le détail des accusations, renvoyant sur l'actuelle chancellerie qui consigne les archives gouvernementales.
La thèse de la fuite de laboratoire déjà évoquée depuis cinq ans
Le ministre allemand de la Santé au moment du pic de la pandémie, Jens Spahn, a assuré pour sa part ne rien connaître d'un rapport secret du BND. "Je n'en ai entendu parler que par les médias", a-t-il dit sur la chaîne RTL-Allemagne.
Il a toutefois rappelé que la thèse de la fuite de laboratoire était évoquée depuis déjà 5 ans et que, même si l'origine du virus avait pu être identifiée plus tôt, cela n'aurait fait "aucune différence" pour les mesures sanitaires prises à l'époque pour endiguer la pandémie. Les mesures de confinement restent encore aujourd'hui très discutées et controversées en Allemagne, comme dans d'autres pays.
La question de savoir si le Covid-19 s'est échappé accidentellement d'un laboratoire ou s'est propagé d'un animal à l'être humain reste débattue. Une bonne partie de la communauté scientifique penche néanmoins pour la thèse d'une transmission à l'homme via un animal intermédiaire, infecté sans doute par une chauve-souris.
De même, certaines agences américaines, comme le FBI ou le ministère de l'Energie, soutiennent l'hypothèse d'une fuite de laboratoire à des degrés divers de certitude, tandis que d'autres agences de renseignement penchent pour l'origine naturelle.
Une enquête du service de renseignement extérieur allemand baptisée "Projet Saaremaa"
A Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé sur les affirmations de la presse allemande, a appelé jeudi à laisser "les scientifiques" se prononcer sur les origines du virus du Covid-19.
"Cette question devrait être abordée dans un esprit scientifique", a dit sa porte-parole, Mao Ning, en rappelant qu'un rapport commun des experts de l'OMS et de scientifiques chinois avait jugé il y a quatre ans que la thèse d'un accident de laboratoire était "extrêmement improbable" et penchait pour une transmission à l'être humain par un animal.
Le service de renseignement extérieur allemand avait mené sa propre enquête en 2020, baptisée "Projet Saaremaa" et pilotée par son département scientifique, selon Die Zeit.
Il s'est pour cela appuyé sur une grande quantité de données chinoises recueillies par ses agents, parmi lesquelles aussi des travaux scientifiques, y compris des doctorats non rendus publics réalisés à Wuhan en 2019 et 2020, et examinant l'impact des coronavirus sur le cerveau humain, ajoute l'hebdomadaire.
