Les Occidentaux accusent la Russie d'avoir paralysé des satellites pour préparer l'invasion de l'Ukraine

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avec AFP , modifié à
Les Européens et les Etats-Unis ont accusé formellement mardi les autorités russes d'avoir mené une cyberattaque contre un réseau de satellites juste avant son offensive contre l'Ukraine, fin février, pour préparer le terrain. Les Occidentaux promettent de continuer à aider Kiev à renforcer ses cyberdéfenses.

L'Union européenne et les États-Unis a accusé formellement mardi 10 mai les autorités russes d'avoir mené une cyberattaque contre un réseau de satellites juste avant son offensive contre l'Ukraine pour préparer le terrain. C'est la première fois que l'UE accuse ouvertement le pouvoir russe d'avoir mené une cyberattaque, a précisé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.

La cyberattaque a eu lieu une heure avant le début de l'invasion

"Nous pouvons l'attribuer au gouvernement russe", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell devant la presse à Bruxelles, précisant que c'était la première fois que l'Union européenne accusait ouvertement le pouvoir de Moscou d'être responsable d'une cyberattaque. "La cyberattaque a eu lieu une heure avant l'invasion non provoquée et injustifiée de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, facilitant ainsi l'agression militaire", affirme l'UE dans une déclaration au nom des 27 Etats membres.

"L'attaque a causé des perturbations importantes dans les communications qui ont affecté les services publics, les entreprises et les citoyens utilisateurs en Ukraine, et elle a également touché plusieurs États membres de l'UE", rappelle-t-elle. "L'Union européenne et ses États membres, ainsi que ses partenaires internationaux, condamnent fermement la cyberactivité malveillante menée par la Fédération de Russie contre l'Ukraine, qui a visé le réseau de satellites KA-SAT, exploité par Viasat."

De multiples cyberattaques répertoriées

L'UE affirmait jusque-là que les cyberattaques provenaient "de l'intérieur de la Russie", mais sans incriminer directement les autorités russes. En coordination avec leurs alliés européens, les Etats-Unis ont rendu publique leur propre analyse, imputant ce piratage à Moscou. Selon le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, l'attaque a "mis hors service des microstations terriennes en Ukraine et à travers l'Europe" qui font fonctionner notamment "des éoliennes" et "acheminent internet vers des citoyens ordinaires".

Washington accuse aussi les cyberagents de l'armée russe d'avoir "déployé plusieurs familles de logiciels malveillants 'wiper'", qui effacent toutes les données des ordinateurs visés, "dans les réseaux de l'administration et du secteur privé ukrainiens". "Ces cyberopérations déstabilisatrices ont commencé en janvier" et "se sont poursuivies pendant la guerre", a ajouté le secrétaire d'Etat américain dans un communiqué.

 

La preuve "claire d'une attaque délibérée et malveillante"

"Il s'agit d'une preuve claire et choquante d'une attaque délibérée et malveillante de la Russie contre l'Ukraine, qui a eu des conséquences importantes sur les citoyens ordinaires et les entreprises en Ukraine et dans toute l'Europe", a renchéri, la ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Liz Truss. L'Union européenne envisage dans sa déclaration de "prendre de nouvelles mesures pour prévenir, décourager, dissuader et réagir à de tels comportements malveillants dans le cyberespace", en coordination avec ses alliés.

Les Occidentaux promettent aussi de continuer à aider Kiev à renforcer ses cyberdéfenses. L'attaque contre l'opérateur de satellites américain Viasat avait mis hors ligne des milliers d'utilisateurs d'Internet en Allemagne, en France, en Hongrie, en Grèce, en Italie et en Pologne.

Le scénario de cyberattaques à l'échelle mondiale évité jusqu'à présent

"Viasat a déclaré que des dizaines de milliers de terminaux avaient été endommagés, rendus inutilisables et ne pouvaient pas être réparés", a précisé le ministère britannique des Affaires étrangères. La Russie a envahi son voisin pro-occidental aux premières heures du 24 février, cherchant à prendre la capitale, Kiev. L'assaut dure maintenant depuis plus de deux mois et la résistance des Ukrainiens a infligé de lourdes pertes à l'armée russe, obligée de recentrer son attaque sur l'est du pays.

Les militaires et les experts ont craint que la guerre menée par la Russie en Ukraine ne débouche sur une vague de cyberattaques dévastatrices susceptibles d'avoir un effet mondial. Mais le scénario du pire a été évité jusqu'à présent, car les attaques observées semblent être contenues dans leur impact et leur portée géographique.