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Guillaume Biet, édité par Romain David , modifié à
L'archipel des Maldives s'apprête à ouvrir son premier centre de déradicalisation. L'archipel, qui fait face à une augmentation des cas de radicalisation religieuse, a vu 173 de ses ressortissants rejoindre les rangs de l'Etat islamique. Le pays entend rapatrier ceux qui ont été capturés et espère bien parvenir à les réintégrer à la société.
REPORTAGE

Le 4 février dernier, vers 20 heures, deux terroristes à moto ont attaqué un groupe de ressortissants étrangers aux Maldives, à proximité de l’aéroport international. Bilan : trois blessés, un Australien et deux Chinois. Dans la foulée, une organisation terroriste se disant proche de l’Etat islamique a revendiqué cette attaque dans une vidéo diffusée sur Telegram. Les auteurs, islamistes radicaux, ont menacé le gouvernement de s’en prendre à nouveau aux touristes. Jusqu’à présent, six suspects ont été arrêtés par la police qui pense tenir les assaillants et leurs commanditaires.

 

Mais cet événement trahit un véritable phénomène de radicalisation religieuse aux Maldives, cet ensemble de 1.200 îles au milieu de l’Océan Indien, dont 200 sont habitées. Officiellement, 173 Maldiviens sont partis rejoindre l’Etat islamique, pour une population totale de 393.000 personnes, un chiffre relativement important donc. Par ailleurs, la police maldivienne a identifié et surveille 1.400 personnes radicalisées dans tout l’archipel, considérées comme des extrémistes pouvant passer à l’acte. 

Le retour des djihadistes

Surtout, les Maldives ont décidé de rapatrier leurs djihadistes de Syrie et de les réintégrer dans la société après avoir suivi un programme de déradicalisation et de réinsertion. Officiellement, le futur "Centre national de réintégration" comptera une centaine de places. Mais au-delà des djihadistes, il pourrait également héberger des Maldiviens radicalisés.

Les hauts murs d’enceinte fraîchement peints en gris du bâtiment sont déjà surmontés de barbelés. Ce centre de déradicalisation est situé à deux pas de l’un des spots de surfs les plus réputés du pays, survolé par les hydravions qui transportent les touristes. Mais l’arrivée prochaine de djihadistes rapatriés de Syrie n’inquiète guère les riverains. "Non, je n’ai pas peur. Puisqu’il y a la prison ici, il y a beaucoup de sécurité sur l’île donc il n’y a pas de menace", estime Ali, 50 ans, qui a toujours vécu sur cette île.

Un sas de réinsertion

Le futur directeur de ce centre a accepté de nous révéler en exclusivité les plans et le fonctionnement de cet établissement. Hommes et femmes seront séparés, aidés pendant un an par des psychologues, des enseignants et des travailleurs sociaux. "Le principe essentiel, c’est qu’en sortant du centre, ils aient un emploi en fonction de leur préférence. S'ils sont engagés dans la société, ça leur fait une occupation dans la vie, et ainsi, d’autres personnes ne peuvent plus les influencer", soutient auprès d'Europe 1 le futur responsable du centre.

Le programme de déradicalisation et de réinsertion doit encore être validé ces prochains jours par le président maldivien. Mais les premiers occupants pourraient arriver avant l’été.