La poignée de main entre Donald Trump et Kim Jong Un, "un événement très important"

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Pour Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong Un pourrait amorcer une mutation du régime nord-coréen, sous l'égide notamment de la Chine.
INTERVIEW

L'image a fait le tour du monde : le dictateur de Corée du Nord a serré la main du président des Etats-Unis, après 70 ans de guerre. "Ça n'est pas une opération de relation publique, c'est un événement très important", a salué Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, au micro de la matinale d'Europe 1 mardi. Avec une nuance toutefois : "On ne peut pas l'évaluer précipitamment : il faut attendre les vrais résultats, la mise en œuvre. Y a-t-il un vrai calendrier de dénucléarisation ?", a-t-il interrogé.

Un calendrier de dénucléarisation... L'ancien responsable de la diplomatie française estime ainsi qu'à ce stade, Donald Trump "n'a pris aucun risque". "C'est une opération réussie s'il y a un calendrier étalé de dénucléarisation dans le temps, avec deux ou trois gestes au début", répète-t-il, alors que mardi matin, le contenu précis du document que le président américain a annoncé vouloir signer avec le leader nord-coréen n'était pas encore connu.

... impossible à mettre en place ? Hubert Védrine ne croit pas cependant que le régime de Pyongyang puisse à court terme se priver de "l'assurance vie qu'il s'est donnée au fil des décennies" en développant l'arme nucléaire. "Je n'imagine pas ce régime y renoncer demain matin, ça n'a aucun sens. Personne ne pourrait l'imposer".

Le modèle chinois en exemple. Cette poignée de main fait également de Kim Jong Un le gagnant du bras de fer qui l'a opposé à Washington ces derniers mois, sa propagande pouvant désormais expliquer que c'est grâce à son leadership et à l'arme atomique qu'il a pu obtenir ce tête à tête avec le locataire de la Maison Blanche. "Il peut dire ça, mais la propagande fonctionnera s'il arrive à faire évoluer la vie des gens, ce qui veut dire une politique économique à la chinoise ; il garde le contrôle politique, stratégique et policier, mais le pays se développe", relève encore Hubert Védrine.

"La Corée du Nord veut survivre en tant que régime, tout en évoluant", indique-t-il. Pour lui, le système communiste dictatorial de la péninsule pourrait désormais suivre la trajectoire empruntée par la République populaire de Chine à partir de la fin des années 1970. "Ils vont développer une économie à la chinoise. Mais la Chine ne veut pas d'une réunification trop rapide. Ils seraient incapables d'assumer ce poids. Ce serait trop lourd, ça les ferait couler", avertit Hubert Védrine.