Des soldats israéliens devant la mosquée Al-Aqsa le 17 avril 2022 (Illustration) 2:46
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avec AFP , modifié à
Plus de vingt personnes ont été blessés ce dimanche lors d’affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Depuis vendredi 15 avril, Jérusalem est de nouveau le théâtre de violents affrontements entre Palestiniens et Israéliens.

Plus d'une vingtaine de personnes ont été blessées ce dimanche lors de heurts entre Palestiniens et Israéliens sur et autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, théâtre vendredi de violents affrontements. L'esplanade des Mosquées - nommée aussi Mont du Temple par les juifs - est située dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

Tôt dimanche, des "centaines" de manifestants palestiniens ont commencé à amasser des "pierres" sur l'esplanade peu avant l'arrivée de juifs religieux à cet endroit, considéré comme le plus sacré du judaïsme et le troisième lieu saint de l'islam, a indiqué la police israélienne.

Les forces de l'ordre israéliennes sont entrées sur l'esplanade des Mosquées afin de "déloger" ces manifestants et "rétablir l'ordre", a précisé la police israélienne. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de 19 blessés palestiniens, dont certains ont été atteints par des balles en caoutchouc.

Depuis la prise en 1967 puis l'annexion de Jérusalem-Est par Israël -non reconnue par la communauté internationale -, les juifs sont autorisés à accéder à certaines heures à l'esplanade, mais pas à y prier. La prière a lieu normalement au Mur des Lamentations, en contrebas, même si depuis des années des juifs religieux vont prier en cachette sur l'esplanade.

Ces incidents interviennent alors que se tiennent dimanche dans la Vieille ville de Jérusalem, carrefour des trois religions monothéistes, des festivités chrétiennes pour Pâques, des prières pour Pessah, la pâque juive, et pour le mois musulman sacré de ramadan.

Autocars caillassés

Parallèlement, aux abords de la Vieille ville, de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres en direction d'autocars transportant des civils israéliens, y compris des mineurs, selon la police israélienne. L'hôpital Shaare Zedek de Jérusalem a fait état de sept blessés légers par ces jets de pierre, alors que la police israélienne a fait état de 18 arrestations.

"Al-Aqsa (nom donné en arabe à l'esplanade des Mosquées, ndlr) est à nous, et les juifs n'ont absolument aucun droit à son endroit", a déclaré dans un communiqué Ismaïl Haniyeh, chef de la branche politique du Hamas, mouvement islamiste armé palestinien qui contrôle la bande de Gaza, territoire sous blocus israélien.

De son côté, Hussein el-Sheikh, un ténor de l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas, a appelé la communauté internationale à mettre fin "à l'agression flagrante" contre l'esplanade des Mosquées. Dans des quartiers palestiniens de Jérusalem, les mosquées appelaient les fidèles à se rendre sur l'esplanade, selon des journalistes de l'AFP. Et dans la bande de Gaza, plus d'une dizaine de roquettes ont été tirées dimanche matin vers la mer Méditerranée, selon des médias proches du Hamas.

Dans un communiqué, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a réaffirmé que "les forces de sécurité avaient carte blanche pour (...) assurer la sécurité des citoyens israéliens". "Nous tentons de calmer la situation sur le terrain tout en agissant de manière déterminée contre les causes des violences", a ajouté Naftali Bennett.

Pour un accès "libre"

Vendredi matin, après des semaines de tensions liées à des attaques menées par deux Palestiniens dans la région de Tel-Aviv et des opérations israéliennes de "contreterrorisme" en Cisjordanie occupée, des heurts avaient éclaté entre la police israélienne et des manifestants sur l'esplanade des Mosquées, où sont situés le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa.

Les forces israéliennes étaient notamment entrées dans la mosquée Al-Aqsa lors de ces accrochages où plus de 150 Palestiniens ont été blessés, une intervention qui a suscité de vives condamnations de pays musulmans. La Jordanie, qui administre l'esplanade des Mosquées, a fait porter la responsabilité de cette nouvelle escalade de la violence à Israël.

Le roi Abdallah II de Jordanie, qui se trouve en Allemagne où il a subi une opération chirurgicale pour une hernie discale, a appelé l'Etat hébreu à "mettre fin aux mesures illégales et provocatrices qui mènent vers une plus grande escalade" de la violence, selon un communiqué du palais royal dimanche.

Au Vatican, lors de la traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" pour Pâques, le pape François a de son côté plaidé dimanche pour un accès "libre" aux lieux saints à Jérusalem. "Puissent Israéliens, Palestiniens et tous les habitants de la Ville Sainte, avec les pèlerins, faire l'expérience de la beauté de la paix", a dit le souverain pontife.

L'ONU avait appelé à une "désescalade" afin d'éviter que les tensions à Jérusalem ne se muent, comme l'an dernier, en guerre entre le Hamas et Israël.