Israël-Hamais : ce qu'il faut retenir au 105e jour du conflit

khan younes
© ISRAELI ARMY / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : ISRAELI ARMY / AFP , modifié à
105 jours après l'attaque du Hamas, l'armée israélienne bombarde intensément ce vendredi le sud de bande de Gaza sur fond d'un important différend entre Israël et Washington à propos d'un éventuel État palestinien et d'une régionalisation croissante du conflit jusqu'au large du Yémen.

L'armée israélienne a bombardé intensément vendredi la bande de Gaza tuant près de 80 Palestiniens selon le Hamas, et ses soldats continuent de livrer des combats acharnés au mouvement islamiste dans la ville de Khan Younès devenue l'épicentre de la bataille. Au quatrième mois de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, les risques d'un débordement du conflit augmentent avec des échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise, la multiplication des attaques des rebelles yéménites Houthis en mer Rouge et l'intensification des frappes américaines au Yémen.

Les principales informations à retenir :

  • L'armée israélienne bombarde intensément ce vendredi le sud de bande de Gaza, tuant près de 80 Palestiniens selon le Hamas
  • Le Hamas fait état de 77 morts dans des frappes nocturnes à Khan Younès, épicentre des combats
  • Les États-Unis, principal allié d'Israël, répètent que la création et la reconnaissance d'un État palestinien viable est nécessaire pour mettre fin au conflit
  • Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.762 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 62.108 blessées dans les opérations israéliennes
  • L'armée israélienne a annoncé vendredi un bilan de 194 soldats tués à Gaza

Un groupe armé diffuse la vidéo d'un otage israélien et affirme qu'il est mort

Un groupe armé palestinien, allié du Hamas, a diffusé vendredi la vidéo d'un otage israélien affirmant qu'il avait été tué dans un bombardement de l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

Cette vidéo des brigades Al-Nasser Salah al-Din, branche armée des Comités de résistance populaire, montre un homme blessé en train de recevoir des soins. Elle s'achève sur un message affirmant que "l'ennemi l'a tué (...) dans une frappe aérienne il y a quelques jours".

Israël va permettre la livraison de farine pour Gaza via un port israélien 

Israël va permettre à des cargaisons de farine d'être livrées dans la bande de Gaza via le port d'Ashdod, près du territoire palestinien assiégé, a indiqué vendredi la Maison Blanche après un échange entre le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Le président (Biden) salue la décision du gouvernement israélien d'autoriser la livraison de farine pour la population palestinienne directement via le port d'Ashdod", situé dans le sud d'Israël, a indiqué la Maison Blanche dans un compte-rendu de leur conservation.

Bande de Gaza : "retour progressif" d'internet et du téléphone

L'opérateur palestinien Paltel a annoncé vendredi "le retour progressif des télécommunications dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza", selon un message posté sur le réseau social X.

La bande de Gaza a été soumise à une coupure quasi totale d'internet et du téléphone pendant une semaine, la plus longue interruption depuis le début de la guerre entre l'armée israélienne et le mouvement palestinien Hamas le 7 octobre.

Joe Biden s'est entretenu vendredi avec Benjamin Netanyahu

Joe Biden s'est entretenu vendredi avec Benjamin Netanyahu, a annoncé la Maison-Blanche, leur première conversation depuis le 23 décembre, et qui intervient à un moment de friction entre les États-Unis et Israël.

Le président américain et le Premier ministre israélien, dont la relation personnelle est notoirement difficile, ont évoqué "les derniers événements à Gaza et en Israël", selon l'exécutif américain, qui promet de publier plus tard un compte rendu de l'échange. L'occupant de la Maison-Blanche "croit toujours à la perspective et à la possiblité" d'un État palestinien, mais "reconnaît qu'il faudra beaucoup de travailler pour en arriver là".

Les ministres israélien et palestinien des Affaires étrangères à Bruxelles lundi

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE rencontreront lundi, séparément, leurs homologues d'Israël et de l'Autorité palestinienne, a-t-on appris vendredi de sources concordantes. Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz rencontrera les ministres européens lundi matin, puis ce sera le tour du chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Maliki dans l'après-midi, ont précisé ces sources, ajoutant qu'une rencontre entre les deux hommes n'était pas prévue.

Les 27 veulent entendre les deux hommes sur les moyens de mettre un terme à la violence sur le terrain à Gaza, qui a déjà fait des milliers de victimes depuis l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre. D'autres ministres de la région sont attendus à Bruxelles. Les ministres : égyptien Sameh Choukry, saoudien Fayçal ben Farhane et jordanien Ayman Safadi, ainsi que le secrétaire-général de la Ligue Arabe Ahmed Aboul Gheit, auront un déjeuner de travail avec leurs homologues européens.

La Russie a appelé le Hamas à libérer les otages lors de pourparlers à Moscou

La diplomatie russe a appelé vendredi le Hamas, lors de pourparlers à Moscou, à libérer tous ses otages, tout en jugeant que la crise humanitaire à Gaza, cible de bombardements israéliens massifs, était d'une "ampleur catastrophique". "La partie russe a insisté sur la nécessité de libérer rapidement les civils capturés lors des attaques du 7 octobre 2023 et détenus par les factions palestiniennes", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères après une rencontre entre le vice-ministre russe Mikhaïl Bogdanov et Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas.

Ces discussions avaient notamment pour objet de "clarifier la position (du Hamas) et sa politique sur la question" des otages, selon un communiqué du mouvement islamiste palestinien publié après la rencontre. Ont également été abordés "les moyens d'obtenir un cessez-le-feu" dans la bande de Gaza, selon le Hamas qui assure avoir reçu le soutien de la Russie "sur les droits du peuple palestinien".

77 Palestiniens tués dans les frappes israéliennes

Aux premières heures de vendredi, des témoins ont fait état de tirs nourris et de frappes aériennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où se cachent selon Israël de nombreux membres de la direction du Hamas, classé groupe terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne. Selon le ministère de la Santé du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, 77 Palestiniens ont péri dans les frappes israéliennes dans le territoire palestinien assiégé, y compris à Khan Younès.

Sous une couverture de l'aviation et de la marine, les troupes israéliennes au sol ont progressé du nord vers le sud de la bande de Gaza, après leur entrée le 27 octobre dans le territoire palestinien à partir du sud d'Israël, a indiqué l'armée. Elle a fait état de combats et bombardements dans le nord de Gaza, où "plusieurs terroristes ont été tués". L'essentiel des combats se déroule désormais dans le sud, principalement dans le secteur de Khan Younès. Mais l'armée dit qu'elle reste confrontée à des attaques de groupes isolés du Hamas dans le nord du territoire dévasté par les bombardements qui ont poussé environ 80% de la population à fuir vers le sud du territoire de 362km2.

"Conditions inhumaines"

L'armée israélienne, qui a annoncé vendredi un bilan de 194 soldats tués à Gaza, dit toutefois rester confrontée à des combattants isolés du Hamas dans le nord. Elle a en outre annoncé la mort jeudi de Waël Abou Fanounah, présenté comme un "responsable de la propagande au Jihad islamique", autre groupe armé à Gaza impliqué dans les combats. Ce Palestinien, qui état chargé "de la distribution de la documentation sur les otages israéliens", a été "éliminé lors d'une frappe aérienne précise", selon un communiqué militaire. La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël qui a tué 1.140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l'attaque, dont une centaine ont été libérées lors d'une trêve fin novembre. Selon Israël, 132 restent détenues dont 27 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.762 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 62.108 blessées dans les opérations israéliennes. Les bombardements ont rasé des quartiers entiers, provoqué une crise humanitaire majeure et mis hors service une grande partie des hôpitaux dans le territoire palestinien, auquel Israël impose un siège total depuis le 9 octobre après un blocus terrestre, aérien et maritime datant de 2007. Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré des "conditions de vie inhumaines" à Gaza, où par ailleurs la coupure des communications et de l'internet persiste depuis huit jours.

"Tout le territoire"

Face aux appels à une trêve humanitaire, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste inflexible et veut poursuivre la guerre jusqu'à notamment "l'élimination des chefs terroristes" et "le retour de nos otages à la maison". Il a aussi dit jeudi qu'"Israël doit avoir le contrôle sécuritaire de tout le territoire à l'ouest du Jourdain", ce qui englobe le territoire israélien, la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et Gaza dont Israël s'était retiré unilatéralement en 2005 après 38 ans d'occupation.

Sa déclaration a fait ressurgir un différend avec l'allié américain pour qui la création d'un Etat viable réclamé par les Palestiniens est nécessaire en vue d'une "véritable sécurité". "Sans un Etat palestinien indépendant, il n'y aura ni sécurité ni stabilité. La région entière est sur le bord d'une éruption volcanique en raison de politiques agressives des autorités d'occupation israéliennes", a dit le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

Liban, Syrie, mer Rouge

La communauté internationale redoute déjà un embrasement régional. L'armée israélienne a dit vendredi avoir "intercepté" un drone venant du Liban voisin et frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le sud de ce pays. A la frontière avec la Syrie, ses chars ont "ciblé des infrastructures de l'armée syrienne".

En mer Rouge, les Houthis, qui disent agir en "solidarité" avec Gaza, ont revendiqué de nouveaux tirs contre un pétrolier américain dans le Golfe d'Aden, après de nouvelles frappes des Etats-Unis contre leurs positions au Yémen.