Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 122e jour du conflit

Antony Blinken
Ce mercredi, Antony Blinken s'est rendu en Israël pour discuter d'une trêve à Gaza. © MARK SCHIEFELBEIN / POOL / AFP
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avec AFP / Crédit photo : MARK SCHIEFELBEIN / POOL / AFP , modifié à
Le chef de la diplomatie américaine a indiqué mercredi à Jérusalem espérer un accord sur les otages détenus à Gaza, tout en notant qu'il restait "beaucoup de travail" pour y parvenir et progresser sur l'acheminement de l'aide sur place. Antony Blinken a rencontré plusieurs dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontre mercredi les dirigeants israéliens pour tenter d'avancer vers un nouvel accord de trêve à Gaza, incluant la libération d'otages, à l'heure où la guerre entre Israël et le Hamas entre dans son cinquième mois. Des bombardements israéliens, selon un journaliste de l'AFP, ont encore visé Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, et la ville voisine de Rafah, refuge pour des centaines de milliers de déplacés terrorisés, qui craignent à présent un assaut terrestre.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 123 personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures à travers la bande de Gaza. "Nous n'avons pas dormi de la nuit. Le bruit des avions n'a pas cessé. Les bombardements sont devenus si proches et si violents. Je suis terrorisée à l'idée qu'Israël lance une opération terrestre sur Rafah", a confié à l'AFP Dana Ahmed, une femme de 40 ans qui a fui la ville de Gaza, dans le nord, et vit sous une tente à Rafah. "Je ne peux pas imaginer ce qui va nous arriver", a-t-elle ajouté. "Où irons-nous? J'ai l'impression de vivre un film d'horreur".

Les principales informations : 

  • Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontre mercredi les dirigeants israéliens pour tenter d'avancer vers un nouvel accord de trêve à Gaza
  • Des bombardements israéliens ont encore visé Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, et la ville voisine de Rafah
  • Selon le ministère de la Santé du Hamas, 123 personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures à travers la bande de Gaza
  • Le Hamas a annoncé mercredi un bilan de 27.708 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, dans la bande de Gaza
  • L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir découvert et détruit dans la bande de Gaza un tunnel long de plus d'un kilomètre, où le Hamas a retenu une douzaine d'otages depuis octobre
  • L'Egypte et le Qatar parrainent "un nouveau cycle de négociations" qui débutera jeudi au Caire

Un nouveau cycle de négociations débutera jeudi au Caire

L'Egypte et le Qatar parrainent "un nouveau cycle de négociations" qui débutera jeudi au Caire et vise à obtenir "le calme dans la bande de Gaza" ainsi qu'un échange de prisonniers palestiniens et d'otages israéliens, a annoncé mercredi un responsable égyptien à l'AFP.

Le Caire exhorte "les deux parties à faire preuve de la souplesse nécessaire" pour parvenir à une trêve à Gaza, a ajouté ce responsable sous couvert d'anonymat, assurant que "l'Egypte déployait des efforts intenses et persistants pour parvenir à un accord de trêve" entre Israël et le mouvement islamiste Hamas. Une source du Hamas proche du dossier, s'exprimant également sous couvert d'anonymat, a également confirmé à l'AFP que le Hamas avait accepté ce nouveau cycle de négociations, avec pour objectif "un cessez-le-feu, la fin de la guerre et un échange de prisonniers".

L'armée israélienne dit avoir détruit un tunnel où ont été retenus des otages

L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir découvert et détruit dans la bande de Gaza un tunnel long de plus d'un kilomètre, où le Hamas a retenu une douzaine d'otages depuis octobre. Ce tunnel, situé à Khan Younès où se concentrent les combats entre Israël et le mouvement terroriste depuis quelques semaines, a été découvert lors d'un "raid ciblé" et "détruit" dans la foulée, précise un communiqué des forces israéliennes. "Le tunnel était utilisé pour cacher de hauts responsables de l'organisation terroriste Hamas et pour retenir des otages (...), près d'une douzaine à des périodes différentes", dont "trois ont été rendus à Israël", affirment-elles.

Pour y parvenir, elles indiquent avoir "combattu les terroristes dans le tunnel, enfoncé des portes de métal et neutralisé des bombes". Elles ont ensuite "découvert plusieurs salles, dont une cellule avec barreaux où ont été retenus des otages, une salle de bain, un coin où se reposaient leurs geôliers", ainsi que "du matériel de collecte de renseignement et des armes appartenant au Hamas". Des photos jointes par les forces israéliennes montrent notamment des pièces souterraines entièrement carrelées, dont une où se trouve une cellule délimitée par des barreaux en métal, ainsi que des armes, dont une vingtaine de grenades et des petites roquettes.

Une réponse du Hamas "globalement positive"

Après l'Egypte et le Qatar mardi, le secrétaire d'Etat américain a rencontré mercredi à Jérusalem le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de cette cinquième tournée dans la région depuis le début de la guerre le 7 octobre. Le Hamas a annoncé avoir remis sa réponse aux médiateurs égyptiens et qataris à une proposition de trêve formulée fin janvier à Paris par des responsables américains, qataris et égyptiens. "Il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais nous continuons à croire qu'un accord est possible et même essentiel, et nous continuerons à travailler sans relâche pour y parvenir", avait dit mardi Antony Blinken.

Le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a qualifié de "globalement positive" la réponse du Hamas. En Israël, celle-ci était "examinée attentivement par les responsables impliqués dans les négociations", selon les services de Benjamin Netanyahu. Une source du Hamas avait indiqué la semaine dernière que le projet en trois phases prévoyait notamment une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus dans la bande de Gaza, ainsi que l'entrée accrue d'aide humanitaire dans le territoire palestinien.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En riposte, Israël a juré de "détruire" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une offensive qui a fait 27.708 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le Hamas qui fait état également de 67.147 blessés.

Craintes pour Rafah

Environ 1,7 million de personnes, selon l'ONU, ont été déplacées par la guerre sur les 2,4 millions d'habitants du petit territoire dévasté et assiégé par Israël, plongé dans une crise humanitaire majeure. Après avoir fui les combats plus au nord, plus de 1,3 million de déplacés, selon l'ONU, s'entassent dans des conditions désespérées à Rafah, soit cinq fois la population initiale de cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte.

Rafah pourrait être le prochain objectif d'Israël, le ministre de la Défense Yoav Gallant avertissant lundi que l'armée "atteindrait des lieux où elle n'a pas encore combattu (...) jusqu'au dernier bastion du Hamas, à savoir Rafah". "Une intensification des hostilités à Rafah pourrait entraîner des pertes de vies civiles à grande échelle. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'éviter", a prévenu le bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha).

La visite d'Antony Blinken "est un cauchemar", parce qu'à chaque visite, Israël "intensifie ses agressions pour lui montrer qu'il refuse toute trêve", a affirmé Mohammad Abou Nada, venu se recueillir à l'hôpital Najjar de Rafah sur la dépouille d'un proche tué dans une frappe. Dans les ruines de Khan Younès, où les habitants continuent à fuir, des images tournées mardi par le Croissant-Rouge palestinien montrent une femme âgée transportée sur un lit d'hôpital lors de l'évacuation de l'hôpital al-Amal.

"Nous ne nous arrêterons pas"

Fin novembre, une première trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée accrue d'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Au total, environ 250 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts. Jusqu'à présent, le Hamas exige un cessez-le-feu total. Israël, qui considère le mouvement comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, s'y refuse en soutenant qu'il ne mettra fin définitivement à son offensive qu'une fois le Hamas éliminé et les otages libérés.

"Nous sommes sur la voie de la victoire totale et nous ne nous arrêterons pas", a répété mardi Benjamin Netanyahu. En France, où un hommage était rendu mercredi aux victimes françaises de l'attaque du 7 octobre, le président Emmanuel Macron a dénoncé "le plus grand massacre antisémite de notre siècle", ajoutant que "toutes les vies se valent" dans les "déchirements" du Moyen-Orient. Hors de Gaza, les tensions restent vives dans la région entre d'un côté Israël et ses alliés et de l'autre l'Iran et des groupes alliés dont le Hezbollah libanais, des milices en Irak et en Syrie et les rebelles houthis au Yémen. Dans la nuit, des frappes israéliennes sur la région de Homs, en Syrie, ont fait dix morts dont six civils, selon une ONG.